Zika est pris très au sérieux par les autorités, le bébé d’une femme enceinte infectée pouvant être atteint de microcéphalie. La Travel Clinic du CHL, sollicitée par des touristes inquiets, se veut rassurante.
Après la dengue et le chikungunya qui ont sévi ces dernières années, l’Organisation mondiale de la santé a alerté sur le risque lié au virus Zika, qui sévit particulièrement cette année. Véhiculé par des moustiques du type tigre que l’on rencontre désormais dans le sud de la France, le virus est encore uniquement présent dans les pays dit «chauds», tels que le Brésil. L’infection n’est pourtant symptomatique que dans 18% des cas.
Le syndrome clinique est connu sous le nom de fièvre Zika, dont les symptômes sont proches des autres arboviroses (maladies virales transmises par un moustique). Le syndrome se présente sous la forme d’une maladie fébrile, parfois faible ou absente, pouvant être associée à une éruption cutanée, débutant sur le visage puis s’étendant au reste du corps, une céphalée, une conjonctivite et des douleurs en particulier au niveau des petites articulations des chevilles et des mains.
En hiver, en matière de vacances, on compte deux écoles : les éternels passionnés des cimes qui partent au ski et les autres, ceux qui sont désespérés de voir un peu de soleil et cherchent la chaleur. Et à cette époque de l’année, c’est généralement en Asie du Sud-Est, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud qu’on va chercher tout ça. C’est donc pour les inconditionnels du soleil que la menace du virus Zika s’applique.
«Pas encore de preuves»
La question est de savoir si cette menace est sérieuse. Et à ce propos, le Dr Thérèse Staub, chef du service Maladies infectieuses au centre hospitalier de Luxembourg (CHL), dont dépend la Travel Clinic, se veut plutôt rassurante : «Ce virus n’a pas l’air si grave. On a vu des gens revenir de Polynésie en 2013/2014, des jeunes en bonne santé. Cela n’a pas posé de problème. D’ailleurs, on n’a rien trouvé en Polynésie sur des cas de microcéphalie sur les nouveau-nés. Nous n’avons pas encore la preuve qu’il y ait un lien avec le virus pour les cas recensés au Brésil.»
Les autorités n’en recommandent pas moins la prudence : «Les Français recommandent aux hommes de se protéger lors de relations sexuelles au retour de ces pays, mais il n’y a eu que deux cas de transmission supposée par voie sexuelle, dont celui d’un scientifique qui travaillait sur le sujet, donc on n’en sait encore trop rien.»
Ce sont donc surtout les femmes enceintes qui doivent faire preuve de prudence, en attendant d’en savoir plus sur ce virus. «Des femmes enceintes qui reviennent de ces pays sans aucun symptôme viennent quand même consulter, dans le doute, nous apprend le Dr Thérèse Staub. Mais prenons le cas de cette femme enceinte qui veut passer des vacances aux Philippines, qui refuse de se faire vacciner, ne peut pas utiliser d’antimoustique (car trop toxique) et ne veut pas non plus se couvrir pour profiter de la plage. Dans ces cas-là, si ces personnes veulent qu’on les rassure en leur disant qu’elles ne risquent rien, on ne le fera pas. Si j’étais enceinte actuellement, je ne voyagerais pas dans ces pays, par mesure de précaution. Une grossesse, c’est quelques mois dans une vie, reporter un voyage est plus prudent.»
En cas de doute ou de question, le médecin de famille ou la Travel Clinic du CHL pourront répondre aux questions des voyageurs inquiets.
Audrey Somnard