Youth for Climate Luxembourg organise une action contre l’Autofestival ce samedi. L’organisation dénonce les activités d’un secteur vecteur d’émissions de CO2 en grandes quantités.
Le secteur de l’automobile est un pan important de l’économie luxembourgeoise. Les Luxembourgeois aiment les belles berlines et certains ne pourraient s’en passer dans leur quotidien, et ce, malgré des solutions de remplacement gratuites. Ils en changent tous les quatre à cinq ans. Cette passion de dévorer le bitume même sur des trajets courts qu’ils partagent avec de nombreux autres terriens, est pourtant nocive pour la planète quand elle est exacerbée, selon les défenseurs d’idées écologistes que ces pratiques et habitudes inquiètent.
Alors que le Luxembourg célèbre l’automobile depuis le début de la semaine dans le cadre de l’Autofestival, Youth for Climate Luxembourg a décidé d’organiser une action de sensibilisation devant la concession Losch à Luxembourg-Bonnevoie, la plus grande concession du pays, ce samedi matin de 10 h à midi. Pour l’organisation, «ce festival représente un danger très important» dans le contexte de la crise climatique. «Il n’est pas possible que ces produits néfastes pour le climat soient promus de cette façon», indique Youth for Climate Luxembourg (YfCL) dans un communiqué de presse dénonçant l’industrie automobile et la publicité qui promeut ses produits.
L’objectif de cette action est «de sensibiliser le public aux conséquences négatives de l’industrie automobile et de ses émissions de CO2» qui ne cessent d’augmenter et «dépassent l’objectif de 95 grammes de CO2 par kilomètre fixé par l’Union européenne qui sera introduit progressivement». L’organisation avance un taux de 122,4 grammes par kilomètre. Bref, encore beaucoup trop pour maintenir la hausse des températures en dessous de la barre symbolique de 1,5 °C. Il ne suffit pas seulement de signer des accords, il faudrait aussi transposer plus rapidement les mesures qu’ils comportent. YfCL rappelle l’existence de l’accord de Paris.
Les consommateurs pas responsables
«Le fait que le secteur de l’automobile soit un secteur économique porteur pour le Luxembourg n’en fait pas un secteur légitime. Cela ne doit pas excuser le fait que l’automobile est dangereuse pour le climat ou empêcher la discussion ou la recherche de solutions», indique Jerry, d’YfCL. L’organisation critique particulièrement la mode des SUV. «Ces véhicules sont le seul secteur dont les émissions de carbone n’ont pas baissé en 2020 en raison de la crise, mais ont augmenté de 0,5 %», précise le jeune homme. Les voitures électriques ou hybrides ne seraient pas non plus une alternative satisfaisante. «Une voiture électrique doit aussi être produite. Si ses émissions sont réduites à l’usage, sa production va en occasionner un grand nombre», estime Jerry.
Les consommateurs ne sont pas responsables. YfCL ne veut pas les stigmatiser pour leur façon d’utiliser la voiture dans leur quotidien. Il faut des règles claires. L’époque des SUV et des moteurs à carburant serait révolue, même si pour le moment encore, de la publicité au réseau routier, tout serait conçu pour favoriser le règne de la «confortable et luxueuse voiture». Les jeunes plaident pour une mobilité au sein de laquelle la voiture n’aurait plus sa place. Ce qui signerait l’arrêt d’actions comme l’Autofestival. «L’automobile a énormément de pouvoir dans notre société, alors que les combats écologiques sont menés. C’est dommage! Je ne préconise pas que l’Autofestival soit annulé du jour au lendemain, mais organiser de telles manifestations est faire un pas dans la mauvaise direction. C’est le vestige d’un monde révolu, explique Jerry. Tout est fait pour encourager l’achat de voitures : il y a la publicité, les solutions bancaires… La politique le permet et ce n’est pas juste.»
YfCL ne propose pas de solution concrète au problème, mais le pointe et le souligne. Ce sera le cas ce samedi matin. Pour conclure, l’organisation pointe également les risques que la manifestation fait courir aux citoyens en temps de pandémie et estime «plus que douteux que l’Autofestival puisse avoir lieu quand beaucoup d’autres évènements et grands rassemblements ont été annulés en raison du Covid-19».
Sophie Kieffer