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Yaourt grec à Bettembourg : une étape importante franchie


Le service technique de la commune de Bettembourg vient de réceptionner l'étude qui va servir de base pour autoriser ou non la construction d'une usine de fabrication de yaourts dans la zone industrielle Wolser. (archives Julien Garroy)

La commune de Bettembourg a réceptionné la volumineuse étude sur l’impact environnemental de la fabrique de yaourt grec. En attendant, de nouveaux détails sur le projet très contesté ont été dévoilés.

Une étape importante dans la saga autour de l’installation d’une usine de fabrication de yaourt grec à Bettembourg vient d’être franchie. Mercredi, l’échevine Josée Lorsché (déi gréng) nous a confirmé que le dossier contenant l’étude sur l’impact gouvernemental était arrivé sur la table du service technique de la commune. «À ce stade, le collège échevinal n’a pas encore été saisi du dossier. Il reviendra au bourgmestre de fixer l’ordre du jour des prochaines réunions», précise toutefois l’élue, qui siège aussi comme députée à la Chambre. Elle nous a indiqué en outre que le document est volumineux. «Il s’agit de mille pages qui relèvent d’une énorme complexité. Il existe tellement de détails qu’on ne pourra pas se prononcer dans l’immédiat.»

Également contacté, le bourgmestre Laurent Zeimet (CSV), actuellement en déplacement à l’étranger, n’a pas encore pu livrer de détails supplémentaires. «Il est bien trop tôt», a-t-il indiqué par téléphone.

Le contenu exact de l’étude reste donc encore réservé à l’administration communale. Mais comme l’ont annoncé dès samedi nos confrères de RTL Radio, la livraison de cette étude ouvre la voie au lancement de la procédure de commodo et incommodo, qui doit trancher la question de savoir si le producteur grec Fage obtiendra ou non une autorisation d’exploitation pour son usine. Le public sera consulté et pourra intenter des recours, qui seront analysés par le collège échevinal.

Malgré cette avancée administrative, rien ne permet aujourd’hui de dire si les 15 hectares de la zone industrielle Wolser déjà acquis en 2017 par Fage vont accueillir «la laiterie la plus moderne en Europe», comme l’avait qualifiée fin juin le ministre de l’Économie. Étienne Schneider redoutait en effet un «problème politique» dans le dossier. En cause : la majorité gouvernementale formée par le DP, le LSAP et déi gréng, a priori favorable au projet, se voit opposée à la coalition locale de Bettembourg, formée par le CSV, déi gréng et le DP. Plus particulièrement, les échevins Josée Lorsché (déi gréng) et Gusty Graas (DP) se trouvent en mauvaise posture, même s’il reste à clarifier si le seul conseil communal peut bloquer le dossier jusqu’au bout.

Schneider se veut rassurant sur l’eau

Il y a quatre mois, le député Claude Wiseler (CSV) avait dénoncé «une double morale ridicule» affichée par Josée Lorsché, qui se dirait favorable à l’usine en tant que cheffe de fraction de déi gréng et opposée en tant qu’échevine de Bettembourg. «En tant que députée, je ne me suis jamais prononcée en faveur du projet. Bien au contraire, j’ai posé deux questions parlementaires dans lesquelles je faisais part de mon irritation que le ministère de l’Économie ait vendu des terrains à Fage en l’absence de toute autorisation du projet», rétorque aujourd’hui Josée Lorsché.

Elle affirme même que Claude Wiseler lui serait «tombée sur le dos». «La question de la consommation de ressources par l’usine reste ouverte. Le ministre affirme que l’eau nécessaire pourra être livrée. Or, est-ce que ce sera toujours le cas si les communes du Sud continuent à grandir ?», s’interroge l’élue déi gréng.

Interrogé par Claude Wiseler, le ministre de l’Économie livre non seulement de nouveaux détails sur le projet de construction de Fage, mais souligne aussi que «le Syndicat des eaux du Sud (SES) serait en mesure d’augmenter les quantités d’eau distribuées et de fournir de l’eau à de nouveaux gros clients à partir de 2021, date de mise en service de la nouvelle usine de traitement du Sebes (NDLR : Syndicat des eaux du barrage d’Esch-sur-Sûre) à Eschdorf». Dans ce cas, la commune de Bettembourg ne risquerait pas de dépasser la capacité d’eau que lui réserve le Sebes et éviterait donc une surfacturation.

Mais l’étude d’impact va-t-elle confirmer que yaourt et environnement pourront vivre ensemble ? Les prochaines semaines devraient enfin permettre d’y voir plus clair.

David Marques

Investissement à la hausse

Le ministre de l’Économie précise dans sa réponse à une question parlementaire de Claude Wiseler (CSV) que le budget de Fage pour la réalisation de la phase 1 de son usine de fabrication à Bettembourg «est passé à 170 millions de dollars».

Des «investissements additionnels (…) pour satisfaire aux obligations environnementales» expliqueraient la hausse du budget de 100 à 170 millions de dollars. La réalisation de la phase 2 nécessiterait un budget supplémentaire de 70 millions de dollars. Dans un premier temps, Fage envisage de produire avec le concours de 100 employés 40 000 tonnes de yaourt grec par an. Avec la réalisation de la phase 2, la quantité produite passerait à 80 000 tonnes, avec à la clé la création de 100 nouveaux emplois.