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Xavier Bettel tance ses partenaires du Conseil européen


Xavier Bettel n'a pas hésité à dire quelques vérités à ses partenaires européens. (photo AFP)

Le Premier ministre luxembourgeois n’est pas parti entièrement satisfait de Bruxelles, vendredi. Il critique le manque de solidarité au niveau de l’Europe.

La réconciliation de l’Europe avec ses citoyens sera un très long chemin, semé d’embûches et comportant de nombreux défis. Le contexte international est tellement lourd que l’Union européenne aurait tout intérêt à faire preuve d’unité. Mais malgré la sortie annoncée du Royaume-Uni de la famille européenne, l’unité et surtout la solidarité, deux vecteurs essentiels de l’UE, font toujours défaut. « L’ambiance au sein du Conseil européen n’est pas bonne », confiait vendredi matin une source diplomatique. Si le rendez-vous automnal des 28 chefs d’État et de gouvernement a permis de petites avancées et l’adoption de conclusions, qui restent toutefois contestées, ce sommet n’équivaut en rien à la bouffée d’oxygène dont l’UE aurait tant besoin.

Les conclusions présentées vendredi après-midi par le Premier ministre luxembourgeois confirment cette tendance. Avec la crise migratoire, le conflit syrien et le rôle que joue la Russie dans ce conflit, le Brexit mais aussi le CETA , le menu qui attendait les responsables européens était copieux. Mais une nouvelle fois, la moisson de ce sommet est faible, surtout que l’avenir du CETA est plus que jamais remis en question.

Le «voisin» russe

« Ce n’est pas la Commission ou le Parlement qui bloquent les choses, c’est le Conseil, et il rejette après la faute sur l’UE », avait déjà fustigé, jeudi, le président du Parlement européen, Martin Schulz.

Xavier Bettel, qui lui est assis autour de la table des 28, n’a pas utilisé les mêmes mots, mais a quand même tancé ses collègues. Cela est notamment le cas à propos de la résolution de la crise migratoire. « Les décisions prises ces derniers mois, dont le renforcement des frontières extérieures, portent leurs fruits. Mais ces dispositifs restent encore très fragiles », a ainsi estimé le Premier ministre. Il a également tenu à dénoncer le principe de la « solidarité flexible » que les pays de l’Est souhaitent adopter afin de ne pas devoir suivre les quotas pour la répartition équitable des réfugiés. « Cette réaction est frustrante. La solidarité n’est pas négociable. On a pris ensemble des engagements qui doivent être respectés. Mais l’UE n’est pas la seule responsable dans ce dossier. Chacun doit prendre ses responsabilités », a martelé le Premier ministre.

Il espère en outre que les très contestés paquets sur mesure que l’UE compte conclure avec des pays africains pour endiguer le flux de réfugiés « amèneront plus de pays européens à enfin investir plus de moyens dans l’aide au développement ». « Nous, en tant que gouvernement luxembourgeois, avons toujours œuvré dans ce domaine afin d’offrir des perspectives viables aux gens », a encore précisé Xavier Bettel.

Dans le dossier russe, le chef du gouvernement luxembourgeois s’est finalement dit satisfait que le Conseil n’ait pas entériné de nouvelles sanctions contre Moscou. « Imposer des sanctions doit toujours être le dernier recours. Le Luxembourg continue à plaider pour l’adoption d’une approche constructive. Il ne faut pas parler des personnes, mais avec les personnes impliquées dans ce conflit », a souligné Xavier Bettel. « Il faut éviter une surenchère. Ce qui doit primer maintenant est la prolongation de la trêve, l’arrivée de l’aide humanitaire sur place et la recherche d’une solution plus durable », complète Xavier Bettel, pour qui « la Russie est et restera toujours un voisin ». Reste à clarifier les relations avec ce voisin qui cause pas mal de remous au sein de l’UE.

David Marques