Ce ne sont pas quelques menaces de mort et les critiques de l’opposition qui vont entamer le moral du Premier ministre. Jeudi, en réponse aux députés, il a assuré avoir avec lui tout un gouvernement motivé.
Quinze interventions et une dizaine d’heures de débat plus tard, Xavier Bettel reprend place à la tribune pour répliquer à quelques accusations lancées des rangs de l’opposition. L’une cible la gestion de la crise sanitaire et particulièrement la campagne vaccinale qui aurait été un fiasco ou encore l’extension du Covid Check.
Prenant tout le monde de court, le Premier ministre confie alors avoir reçu des menaces de mort depuis vendredi dernier, date de la présentation de la nouvelle loi covid.
Sa protection rapprochée a été renforcée depuis. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons pris ces mesures », déclare-t-il en référence à l’obligation du Covid Check dans tout le secteur Horeca et à la possibilité pour les employeurs de l’imposer également.
Quand il entend l’opposition lui dire que la campagne vaccinale était mal pensée, il rectifie le tir. « Les gens en ont assez de s’entendre dire qu’ils doivent aller se faire vacciner, ils ne veulent plus rien savoir du vaccin », assure Xavier Bettel qui sait à quel point cette pression peut conduire jusqu’à proférer des menaces de mort : « Des gens veulent m’assassiner ! »
Xavier Bettel balaie vite ces funestes menaces pour revenir à l’essentiel. Depuis l’annonce de la nouvelle loi covid, deux fois plus de gens se sont fait vacciner cette semaine que la précédente et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle pour Xavier Bettel qui s’en réjouit face aux députés. Et finalement, peu lui importe les critiques puisque les sondages ont démontré qu’une large majorité de la population lui attribuait un bon point.
Quant à la campagne vaccinale, elle devait commencer prudemment et donner la priorité aux personnels soignants et aux plus vulnérables en raison des premières livraisons au compte-gouttes. « Je ne pouvais pas dire aux gens de venir massivement se faire vacciner sans avoir toutes les doses nécessaires. »
Et pour clore le chapitre de la crise sanitaire, Xavier Bettel se plaît à rappeler que les députés ont débattu et voté 23 projets de loi covid, c’est dire si la Chambre a été étroitement liée à la gestion de la crise et une grande partie de ces textes a d’ailleurs recueilli l’unanimité. « Si les gens ont été satisfaits de la gestion de la crise sanitaire, c’est parce que nous avons tous tenu ensemble, ici à la Chambre des députés », conclut le Premier ministre.
Bettel relève les compliments
Voilà pour l’état des lieux, place aux actions futures. Les annonces du Premier ministre en matière de politique sociale ont récolté des encouragements et il remercie l’opposition qui lui a adressé quelques compliments au passage.
En revanche, le report de la réforme fiscale, une promesse capitale de l’accord de coalition, est prétexte à moult commentaires. Pendant deux jours aussi, toute l’opposition a distillé ses propositions pour réduire les inégalités fiscales.
Le Premier ministre la remercie et a noté « toutes les bonnes idées », dans tous les domaines abordés. Le recours à l’emprunt pour mener à bien la réforme avant la fin de cette législature, n’en fait pas partie, il peut déjà l’assurer.
Chahuté également pour son désir soudain de mettre en place un comité des citoyens d’une centaine de personnes représentatives de l’ensemble de la population pour appuyer sa politique climatique, Xavier Bettel précise qu’il compte beaucoup sur cette « base » qui peut donner « une impulsion supplémentaire ».
Quant à l’impôt foncier, il assure qu’un texte sera déposé dans un délai d’une année et qu’il sera au préalable discuté avec tous les acteurs concernés.
« Des gens s’imaginent qu’on a plus envie, que l’énergie nous a quittés, mais je peux vous dire qu’on a encore tellement de travail devant nous et une motivation débordante pour le réaliser ! », conclut le Premier ministre.
Geneviève Montaigu