S’il soutient ouvertement Margrethe Vestager pour prendre la tête de la Commission européenne, Xavier Bettel ne perd pas de vue le fond. La priorité serait de fixer un agenda stratégique pour les cinq ans à venir.
Le Premier ministre luxembourgeois s’est exprimé dans toutes les langues mardi après-midi, lors de son arrivée à Bruxelles pour le dîner informel des chefs d’États et de gouvernements. Les 28 sont en principe appelés à accorder leurs violons sur le prochain président de la Commission européenne.
Avec le résultat des élections de dimanche, chaque famille politique tente de tirer la couverture à elle. Il s’agit d’un scénario que veut éviter Xavier Bettel. « L’objectif n’est pas d’élire Miss ou Mister Europe. Ce qui intéresse les citoyens est le fond et pas l’étiquette liée à l’un ou l’autre nom. La priorité doit être de fixer les priorités politiques pour les cinq années à venir», souligne le chef du gouvernement luxembourgeois.
« Éviter une crise institutionnelle »
Issu de la famille libérale, Xavier Bettel ne cache toutefois pas sa préférence pour Margrethe Vestager, commissaire sortante du Danemark. «Les Libéraux sont avec les Verts les vainqueurs des élections européennes», affirme le leader du DP. «Margrethe Vestager dispose, au vu de son CV et du travail accompli, de toutes les qualités pour présider la prochaine Commission», ajoute le Premier ministre.
Il se dit toutefois prêt à trouver un compromis afin d’ «éviter une crise institutionnelle » à l’échelle de l’UE. «Il faut s’accorder sur le candidat qui puisse obtenir la plus grande majorité possible, à la fois au Conseil et au Parlement européen», indique Xavier Bettel.
« Construire des ponts »
Le Premier ministre précise avoir préparé le terrain depuis dimanche soir. «Ces deux derniers jours, j’ai pu échanger par téléphone avec plus de la moitié des chefs d’États et de gouvernements. Emmanuel Macron en fait partie. Les Premiers ministres luxembourgeois honorent la tradition de construire des ponts en coulisses», précise Xavier Bettel.
Ses propos résument cependant très bien la difficile équation qu’aura à résoudre le Conseil européen. Entre les préférences des uns et le projet européen des autres, il s’agira tout de même de «couronner» un président.
Il reste à espérer pour l’avenir de l’UE que le projet primera sur le choix entre Manfred Weber (conservateurs), Frans Timmermans (socialistes) ou quand même Margrethe Vestager.
David Marques