Comme d’autres pays, le Luxembourg se pare d’orange pour mettre fin aux violences à l’égard des femmes. Et il reste du travail.
Le ministère d’État, l’hôtel de ville de Luxembourg, celui d’Esch-sur-Alzette, la Cité judiciaire, la Bourse, la Cour des comptes… et plusieurs bâtiments publics ou privés vont être illuminés en orange ces prochains jours. Comme dans d’autres pays, c’est l’Orange Week au Grand-Duché, à savoir une série de manifestations dont le point d’orgue sera la marche de solidarité, qui aura lieu le samedi 24 novembre à Luxembourg, c’est-à-dire la veille de la journée internationale de l’Élimination de la violence à l’égard des femmes.
Des manifestations qui ont un seul objectif : mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles. Et elles existent au Grand-Duché, comme le rappellent les organisatrices de l’Orange Week en citant quelques chiffres.
« 67% des femmes résidentes interrogées confient avoir été victimes de harcèlement ou de violence sexuelle, soit 12% de plus que la moyenne européenne », indique Anik Raskin, la chargée de direction de l’ASBL du Conseil national des femmes du Luxembourg (CNFL).
La violence psychologique négligée
En ce qui concerne les violences domestiques : en 2017, la police est intervenue à 715 reprises et dans la très grande majorité des cas, les femmes sont les victimes. « Quand on entend parler d’un homme battu, il y a une surprise chez les gens», estime Danielle Becker-Bauer, coordinatrice de l’Orange Week au Luxembourg. « Alors que quand c’est une femme qui est battue, il y a une forme de normalité. Non, ce n’est pas normal et il faut que cela cesse. Une prise de conscience doit enfin avoir lieu. » Et les conséquences physiques, psychologiques et sociales sont terribles pour les victimes.
Outre «mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles», plusieurs revendications sont liées à l’Orange Week. Une protection légale contre la violence psychologique : « Elle est définie dans la Convention d’Istanbul que le Luxembourg a récemment ratifiée, mais aucun dispositif contre la violence psychologique n’a été mis en place », confie Karin Manderscheid, la présidente du CNFL.
Les organisatrices demandent aussi l’extension du délai de prescription en cas de viol à 30 ans (il est actuellement de 10 ans), l’extension du délai de prescription en cas d’attentat à la pudeur ou de viol sur mineur à 30 ans à compter de la majorité de la victime et la promotion de logements de 2e phase pour les victimes de violence domestique.
Guillaume Chassaing