Le Premier ministre tunisien, était vendredi, en visite de travail au Grand-Duché. Il souhaite que les « hommes d’affaires luxembourgeois accompagnent son pays dans son œuvre de développement. »
La mission de cette visite de travail était double, vendredi. La Tunisie devait rassurer aussi bien les investisseurs potentiels que les touristes de venir sur son territoire. La situation instable qu’elle subit du fait du chaos libyen et des menaces terroristes rend les choses particulièrement difficiles.
Le Premier ministre, Xavier Bettel, a déjà rencontré le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, à plusieurs reprises, et les relations entre la Tunisie et le Luxembourg semblent être au beau fixe. Mais le pays arabe a encore besoin de rassurer : « La Tunisie a été l’un des pays qui ont su assurer leur transition démocratique, a tenu à souligner Xavier Bettel . Je veux rappeler que la démocratie doit être soignée au quotidien. Il faut chérir cette plante qu’est la liberté d’expression, de vote, etc. Mes félicitations pour ce qui a été fait, d’avoir surmonté les défis.» Le Premier ministre luxembourgeois poursuit : «Je voudrais condamner fermement les attaques qui ont frappé la Tunisie qui est confrontée au fanatisme. Mais laissez-moi vous dire que ces jeunes qui ont commis ces attentats ont aussi tué l’avenir des autres jeunes de Tunisie .»
Les discussions ont porté sur les relations bilatérales entre les deux pays. Le Luxembourg souhaite approfondir ses relations avec la Tunisie. C’était l’objectif de la mission économique menée par le Prince Guillaume l’an passé, qui comprenait des entreprises luxembourgeoises qui se sont développées en Tunisie. Xavier Bettel : « Il faut voir les opportunités qui peuvent exister entre les deux places, dans les domaines scientifiques et universitaires notamment. En ce qui concerne le chômage des jeunes, il faut prévenir le terrorisme par l’éducation et la lutte contre le chômage. Si les jeunes ont une perspective, cela leur évite de tomber dans le piège des extrémistes. La présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE a mis en place une initiative pour améliorer la sécurité par l’emploi des jeunes au Maghreb. »
400 000 réfugiés libyens en Tunisie
En ce qui concerne le dossier de l’immigration, l’évolution de la situation en Libye a toute l’attention du Grand-Duché. Le Premier ministre luxembourgeois a ainsi comparé la situation européenne avec celle peu enviable de la Tunisie : « Il faudrait de temps en temps qu’on écoute les chiffres des pays voisins : il y a beaucoup de réfugiés libyens en Tunisie. » Et pour cause, 400 000 réfugiés libyens se trouveraient en Tunisie.
C’est avec sa casquette de ministre de la Culture que Xavier Bettel a ensuite évoqué un possible échange avec le ministère de la Culture tunisien : « La culture est le ciment dont on a besoin en ce moment. Les différences sont une richesse. Il faut savoir échanger et apprendre de l’autre, plutôt que de le stigmatiser. Combattre même chez nous les préjugés qu’on essaie de mettre dans nos têtes. La culture permet à tous de discuter autour d’une table, avec tout d’abord le respect. Apprenons à mieux nous connaître. »
Le chef du gouvernement tunisien, Habib Essid, a, lui, tenu à remercier l’attitude du Luxembourg et en particulier celle de Xavier Bettel : « Dans des moments difficiles où personne ne voulait aller en Tunisie, vous y avez passé des vacances, et à plusieurs reprises. Et vous avez tenu des déclarations importantes, nous n’oublierons jamais ça », a-t-il déclaré devant son homologue.
Sur un plan plus concret, le Luxembourg est présent en Tunisie avec quelque 50 entreprises luxembourgeoises qui emploient 8 000 personnes. Un chiffre étonnant. L’emploi des jeunes est important pour la prochaine stratégie 2016-2020 et des investissements conséquents sont prévus côté tunisien pour l’emploi des jeunes.
«Les jeunes ne voient pas les emplois arriver»
« L’important pour nous est de créer l’atmosphère nécessaire pour attirer les investissements , déclare Habib Essid. Ces jeunes-là qui ont fait la révolution sont déçus, car ils ne voient pas les emplois arriver. Cette visite constitue une opportunité pour que les hommes d’affaires et financiers luxembourgeois nous accompagnent dans cette œuvre de développement. Il faut faire de telle sorte que ces acquis soient durables. Tout sera mis en œuvre pour que la coopération soit renforcée et durable. »
Pour Xavier Bettel, les choses sont claires : il faut un environnement sécurisé, et de ce côté-là, le Luxembourg ne peut rien faire. Mais le pays a adopté une politique de développement ciblée. Il donne notamment l’exemple d’une école hôtelière au Cap-Vert mise en place par le Grand-Duché et qui aide à l’essor du tourisme. Il conclut : « La Tunisie a besoin de sécurité, de stabilité et d’aide. Le Luxembourg a, entre autres, un savoir-faire en matière de finance islamique, pour plus d’efficacité .»
Audrey Somnard