Pas moins de cinq textes de loi, tous adoptés ce mercredi 27 avril, visent à transformer les déchets en ressources qui peuvent être réutilisées, réparées ou recyclées. L’ambitieux concept suscite des critiques.
Les chiffres bruts sont sans appel. Le Luxembourg produit tous les ans 14,8 tonnes de déchets par tête d’habitant. Les déchets de plastique sont chiffrés à 42,8 kg par résident. Trop de déchets recyclables terminent dans la poubelle pour déchets ménagers. Il existe un potentiel pour revaloriser 32 % supplémentaires de déchets organiques, de 18 % de papier et de carton ainsi que de 17 % de plastique.
«Tous ces chiffres font que le Luxembourg dispose d’une grande responsabilité pour se montrer ambitieux, courageux et innovateur pour réduire sa production de déchets», souligne François Benoy, le rapporteur du paquet législatif qualifié de «changement de paradigme».
«Notre utilisation de ressources va fondamentalement changer. Les déchets vont devenir une ressource, qui va pouvoir être réutilisée, réparée et recyclée», développe le député déi gréng. En d’autres termes : les déchets vont plus systématiquement avoir une deuxième vie.
Critique sur la forme
Le caractère ambitieux, même «visionnaire» selon déi gréng, du paquet législatif sur la gestion des déchets suscite de nombreuses critiques. Mardi, une véritable levée des boucliers a eu lieu parmi les acteurs du terrain. Les partis représentés à la Chambre ont aussi émis des bémols. En fin de compte, les cinq textes de loi ont cependant été approuvés par une majorité allant de 33 à 60 députés. CSV, ADR et Parti pirate se sont opposés à différents textes.
Le plus contesté furent l’introduction d’une consigne sur les boissons et la création de 45 nouveaux Centres de ressource dans les grandes surfaces. Les différentes interdictions pour l’emballage de produits alimentaires, tels les fruits et légumes, a aussi été remis en question. Dans l’opposition, ce fut néanmoins moins le fond que la forme qui a fait l’objet d’interrogations.
Jean-Paul Schaaf (CSV) a repris les critiques émanant du terrain. «La stratégie zéro déchet est positive, mais nous sommes d’avis que l’on aurait pu emprunter d’autres chemins pour réaliser cet objectif», affirme l’élu nordiste.
Les grands producteurs ne vont certainement pas s’adapter aux réglementations du petit Luxembourg. «Une concertation plus étroite avec les pays voisins aurait été nécessaire», estime aussi Jean-Paul Schaaf.
Des réflexions semblables ont été avancées par Fred Keup (ADR) et Marc Goergen (Parti pirate). «Ce paquet législatif n’est pas suffisamment réfléchie, son coût est trop important et il va, très probablement, avoir un apport très limité sur l’écologie», fustige le premier.
Le second se dérange davantage au fait que l’affaire Superdreckskëscht (SDK), dont l’exploitant est suspectée d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur par le ministère de l’Environnement, ne soit pas encore classée. «En votant ce paquet, on risque de bétonner encore davantage la position de force de la SDK», craint Marc Goergen.
«Les marchés vont s’adapter»
Myriam Cecchetti (déi Lénk) ne croit pas à la «révolution» annoncée par déi gréng. «Si on veut vraiment réduire la consommation de ressources, il faut revoir le cycle de production. Une remise en question fondamentale fait défaut», souligne la députée.
Malgré ce «manque d’ambitions», les deux élues déi Lénk ont accordé leur feu vert aux cinq textes de loi.
«On se trouve au début d’un processus. A terme, les marchés vont s’adopter aux nouvelles règles. Nous devons commencer quelque part», réplique Stéphanie Empain (déi gréng). Les acteurs du terrain auraient bien été consultés et écoutés, ajoute-t-elle.