Valoriser par un diplôme de l’université l’expérience constituée lors d’au moins trois ans de travail, c’est tentant. La condition : retourner sur les bancs de la fac. Et là, pour certains, les choses se corsent.
Les profils de ceux qui demandent chaque année une validation des acquis de l’expérience sont multiples. Valoriser une expérience professionnelle, reprendre ses études, amorcer un changement de carrière… L’université du Luxembourg accueille ces étudiants pas comme les autres, ce qui entraîne parfois quelques problèmes.
Le programme est ainsi bien allégé, d’autant que l’on peut suivre ses études à temps partiel, ce qui donne plus de temps avant de passer les examens : 12 à 16 semestres contre 6 à 10 habituellement. « Seul un petit pourcentage d’étudiants opte pour cela. Il faut aussi penser à la question de la mobilité, étant donné qu’un semestre dans une université partenaire à l’étranger est obligatoire pour le bachelor. Les étudiants qui travaillent peuvent obtenir une dispense sur présentation d’un justificatif : leur contrat de travail », poursuit Hélène Langlois.
Pas d’aménagement particulier
Même s’ils ne sont pas nombreux, les étudiants qui travaillent à plein temps ont toutes les peines du monde à suivre le rythme. Tout simplement parce que la validation des acquis nécessite de passer quelques examens, et donc d’assister aux cours correspondant. Et les bachelors ne s’adaptent pas vraiment à la situation professionnelle de l’étudiant : « Que l’étudiant travaille ou non, il n’y a pas d’aménagement particulier prévu, hormis leur donner plus de temps pour les examens. Nous avons par contre deux masters à l’université qui proposent uniquement des cours le soir et le week-end et qui sont destinés aux personnes qui travaillent. La demande est en hausse pour ce type de cours qui permet aux professionnels de continuer à étudier. Tout ça dans le cadre de l’apprentissage tout au long de la vie. »
Pour ceux qui continuent à travailler et qui veulent valoriser leur expérience avec l’obtention d’un bachelor, le projet se révèle bien plus difficile que prévu. C’est le cas de Marie*, qui est entrée dans le secteur de l’assurance sans études supérieures. Aujourd’hui elle souhaite valoriser son expérience pour évoluer plus facilement au sein de son entreprise et, pourquoi pas, viser une promotion.
Mais elle n’avait pas réalisé qu’il faudrait assister aux cours, chose qu’elle ne peut pas faire : « Je suis en bachelor gestion des entreprises secteur assurances. Je n’ai plus qu’à passer quelques examens, car les autres ont été validés grâce à mon expérience professionnelle dans un dossier que j’ai dû présenter à l’université. Je pensais sincèrement que j’arriverais à étudier de la maison, car je travaille à temps plein. Malheureusement certains professeurs ne sont pas très coopératifs et refusent de donner les cours à ceux qui ne sont pas venus. Résultat, j’ai raté mes examens… Je suis déçue, rien n’est fait pour les étudiants qui travaillent comme moi », explique la jeune femme.
Les contenus de certains cours et exposés sont mis en ligne sur la plateforme de l’université appelée «Moodle», mais les professeurs n’y sont pas obligés. Les étudiants qui ratent des cours sont donc soumis à la bonne volonté des professeurs. « La plupart du temps, tout se passe très bien , se défend Hélène Langlois. Mais la demande est très forte pour aller dans ce sens et mettre les cours en ligne. Nous avons un projet pour que cela devienne plus systématique. » En attendant, Marie devra passer les prochaines sessions pour espérer valider ses crédits et obtenir à terme son bachelor.
Audrey Somnard
* Le prénom a été changé.
À l’université du Luxembourg
Les demandes de validation des acquis professionnels ou acquis d’expérience, ou des études supérieures déjà accomplies, sont déposées dans le but unique d’accéder aux études à l’université du Luxembourg. Une suite favorable donnée à une telle demande ne donne en aucun lieu droit à l’attribution du diplôme spécifié de façon automatique. Les candidats doivent s’inscrire en ligne et déposer leur dossier de candidature complet auprès du doyen au cours de l’année académique : avant le 1 er décembre pour une admission éventuelle au semestre d’été ou avant le 1 er mai pour une admission éventuelle au semestre d’hiver.
La demande consiste en un dossier comportant : une lettre de motivation avec spécification de la formation pour laquelle la validation est demandée; un CV détaillé, les attestations des formations suivies, les diplômes obtenus avec, en cas d’études supérieures accomplies à l’étranger, l’attestation de reconnaissance éventuelle; les certificats des activités de formation continue, les attestations d’activités et d’expériences professionnelles (durée, type, emplois, certificat de l’employeur…).
Le jury procède ensuite à l’analyse du dossier puis s’entretient avec le demandeur et peut le cas échéant examiner l’organisation et l’évaluation d’une mise en situation professionnelle.
VAE : il faut au moins trois ans d’expérience
Toute personne qui a exercé pendant au moins trois ans une activité professionnelle, salariée, non salariée ou bénévole, en rapport avec l’objet de sa demande, peut demander la validation des acquis de son expérience pour justifier tout ou partie des connaissances et des aptitudes exigées pour l’obtention d’un diplôme ou titre délivré.
La validation est prononcée par un jury dont les membres sont désignés par le recteur en fonction de la nature de la validation demandée.