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Une richesse mal répartie au Luxembourg


Le taux de risque de pauvreté a augmenté, tout comme la difficulté à boucler les fins de mois... (Photo : Archives LQ)

Riche, le Luxembourg l’est toujours. Mais cette richesse est de moins en moins bien redistribuée au sein de la population, déplore la Chambre des salariés.

Inégalité des revenus, pauvreté, chômage, conditions de travail… La situation des ménages luxembourgeois se détériore, prévient la Chambre des salariés (CSL), qui vient d’éditer son Panorama social 2016.

Si le Grand-Duché est l’un des pays les plus développés au monde, sa richesse se trouve de plus en plus inégalement répartie au sein de la population», résume Jean-Claude Reding, le président de la Chambre des salariés. Dans son rapport 2016, la CSL détaille ainsi les grandes problématiques économiques et sociales du pays.

Plus dur de boucler les fins de mois

Si le pouvoir d’achat des Luxembourgeois a augmenté en 2014, ce sont surtout les hauts revenus qui en profitent, avec une hausse une fois et demie plus forte que celle des revenus les plus modestes.

La proportion de personnes rémunérées au salaire social minimum (SSM), elle, augmente. Au 31 mars 2014, le SSM était octroyé à 16,5 % des salariés (hors fonctionnaires), c’est-à-dire à 56 729 salariés, dont 48 220 (soit environ 85 %) sont à temps plein. Entre 1997 et 2008, la proportion oscillait autour de 11,5 %. On remarquera que près de 19 % des femmes salariées touchent le SSM, contre 15 % des hommes.

En 2014, 27,8 % éprouvait des difficultés à boucler ses fins de mois. Dix ans auparavant, ce n’était qu’un ménage sur cinq. Sont particulièrement touchés les ménages monoparentaux, les personnes seules de moins de 65 ans, les hommes seuls ou les ménages de deux adultes avec deux enfants.

Le taux de risque de pauvreté dépasse donc désormais nettement les 16 % et croît de façon presque ininterrompue depuis plus de 20 ans.

Ça chauffe pour les chômeurs

Avec un taux de chômage de 6,8 %, le Luxembourg reste en 2015 l’un des États membres de l’UE où le marché du travail se porte le mieux, se réjouit la CSL… avant de nuancer : «Cependant sa situation se dégrade.» En effet, en termes d’évolution, le chômage au Luxembourg progresse de façon assez rapide : en 2015, il est près de trois fois plus élevé qu’en 2000. Une tendance qui ne semble pas près de s’inverser.

Qui plus est, la durée moyenne des périodes de chômage connaît une nette tendance à l’allongement. Et depuis 2009, la part de chômeurs ayant droit à une indemnité a tendance à diminuer. Conséquence directe : plus d’un chômeur sur deux est exposé au risque de pauvreté.

À noter également que l’évolution positive du taux d’emploi luxembourgeois s’explique notamment par la participation accrue des femmes au marché du travail. En effet, leur taux d’emploi passe de 42,2 % en 1995 à 60,7 % en 2015.

Gare au burn-out

L’emploi précaire, à savoir le travail temporaire, à temps partiel involontaire, ou de nuit, est en augmentation depuis de nombreuses années. Et ce sont surtout les jeunes (15-24 ans) qui en font les frais : plus de 45 % d’entre eux connaissent ce type d’emploi. En outre, si le Luxembourg est un pays où la population cumulant deux emplois est réduite (29 % au Luxembourg en 2014 contre 33,2 % en moyenne européenne), sa part augmente considérablement entre 2007 et 2014 : +65 %!

Les accidents du travail, eux, poursuivent la tendance à la baisse entamée depuis plusieurs années. Cependant, «le décrochage entre accidents déclarés et reconnus reste fort marqué et s’accroît même, ce qui soulève de légitimes inquiétudes», note la CSL.

Le stress au travail augmente : 71 % des personnes interrogées indiquent devoir souvent ou (presque) tout le temps se concentrer sur plusieurs tâches à la fois. Cinquante-neuf pour cent des salariés sont confrontés à l’obligation de respecter des délais serrés. De plus, presque la moitié des personnes interrogées ont le sentiment d’être pressées par le temps. Trente-huit pour cent des personnes relèvent être soumises à des contraintes physiques du fait du travail (par exemple, une station debout prolongée).

À cela s’ajoutent de nouveaux facteurs de stress ayant trait aux nouvelles technologies de la communication et à la tendance à rester joignable en dehors du lieu de travail (par téléphone, smartphone, courriel…).

Si 15,7 % des salariés ont un sentiment élevé de fatigue, la fréquence des «high burnout scores» a légèrement diminué depuis 2013, surtout chez les femmes.

Romain Van Dyck

www.csl.lu