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Une réprimande pour Lucien Lux


Lucien Lux est membre du Conseil d’État depuis 2014.  (photo archives Editpress)

Le Conseil d’État a tranché. Il sanctionne Lucien Lux pour la diffusion d’un avis avant son vote à Flavio Becca, son seul et unique client.

L’affaire dévoilée cet été par Reporter.lu avait de quoi faire froncer les sourcils. Nos collègues avaient évoqué les agissements de certains membres du Conseil d’État qui transféreraient à des partenaires en affaires des documents comme des rapports avant leur vote par l’assemblée de 21 conseillers. L’ancien ministre Lucien Lux était cité dans l’article, tout comme sa relation privilégiée avec Flavio Becca.

L’enquête revenait sur des faits qui ont eu lieu en juillet. Le Conseil d’État se penchait sur le deuxième bilan de la réforme de la planification hospitalière. Le projet de loi était controversé, car il réglementait le champ d’application dans lequel les cabinets privés pourraient à l’avenir proposer des IRM et d’autres examens hautement spécialisés, précisait Reporter.lu. Problème : à 9 h 37, Lucien Lux envoyait l’avis à l’entrepreneur Flavio Becca alors que le vote était prévu à 14 h.

L’avis sur le projet de loi relatif au virage ambulatoire n’était donc pas encore adopté qu’il était déjà dans les mains de Flavio Becca, le seul et unique client de Lucien Lux, qui a une société de conseil et de prestation de services. L’entrepreneur était intéressé par l’ouverture de cabinets privés extrahospitaliers. Après cette information de Reporter.lu, la présidence du Conseil d’État avait saisi le comité de déontologie. Mardi, la sanction est tombée, ce sera finalement une simple «réprimande».

Le comité de déontologie a rappelé que «le conseiller d’État est tenu au secret concernant les informations auxquelles il a eu accès dans l’exercice de son mandat» et qu’il est interdit aux conseillers «de révéler la teneur des travaux préparatoires et des délibérations au sein du Conseil d’État». Le comité ajoute que «M. Lux aurait dû prendre les précautions nécessaires afin de prévenir tout risque de discrédit pouvant être répercuté sur l’institution» et qu’«on peut attendre d’un membre d’une haute institution de l’État qu’il exerce à tout moment ses fonctions avec attention et diligence».

Le comportement de Lucien Lux avait provoqué l’ire de déi Lénk, qui avait crié au népotisme et fustigé les liens entre promoteurs immobiliers et membres du Conseil d’État. Et les membres du parti avaient pris l’exemple de la crise du logement. Le projet de loi sur les «contrats de construction», que les membres du Conseil d’État ont «déchiré», aurait considérablement réduit le plein pouvoir des propriétaires fonciers, selon déi Lénk, qui comprend maintenant cette décision en voyant la proximité de certains Sages avec le monde du secteur immobilier.