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Une médecine du travail au profit de tous


Les services de santé au travail ne devraient pas pouvoir se choisir «comme au supermarché», a estimé Carlos Pereira (à d. de Jean-Luc De Matteis). (Photo : Editpress)

L’OGBL revendique la création d’un service national de santé au travail unique, géré de manière tripartite. Le syndicat constate actuellement un manque de neutralité de ces services, souvent à la botte des patrons.

En règle générale, on n’a à faire à la médecine du travail, qu’en début de carrière, dans le cadre de la visite médicale pour l’embauche. Or son champ d’application dépasse largement le cadre routinier de ces seuls rendez-vous : la médecine du travail, c’est aussi l’évaluation dans les entreprises du pensum de travail des salariés, les constats à risque (à minimiser au maximum) dans le secteur de la construction, ou encore, dans l’industrie, l’identification des agents chimiques, par exemple.

La médecine du travail a aussi son mot à dire dans la gestion des âges, chaque employeur devant veiller à la santé de ses employés, et ceci jusqu’à l’âge où ils prennent leur retraite. La médecine du travail intervient ensuite dans le contexte des reclassements, en cas de congé de maladie prolongé.

Des économies à long terme

À côté du service de santé au travail (STI) et le STM (service de santé au travail multisectoriel), la loi prévoit que les entreprises dépassant les 5 000 employés disposent de leur propre unité de médecine du travail. Or c’est bien à ces divisions que l’OGBL se heurte, selon laquelle «une médecine du travail, sur plusieurs niveaux» provoque une «concurrence entre services», avec le risque très réel que l’employeur ne prenne en considération que les intérêts de l’entreprise.

Si l’OGBL ne s’oppose pas à l’idée d’une «spécialisation» de la médecine du travail, il préférerait de loin un service national de santé au travail unique, géré de manière tripartite, comme l’est le STM, évoqué plus haut. Sans un «STM fort», réunissant représentants syndicaux, gouvernement et ministère de la Santé, «la qualité de travail et la santé des gens» seraient menacées, a estimé vendredi Jean-Luc De Matteis, secrétaire central de l’OGBL.

Un STM fort pourrait également offrir d’autres services qu’actuellement, assurer un suivi meilleur et réaliser des études sur les conditions de travail dans le but de renforcer la prévention. «La médecine du travail ne doit pas pouvoir se choisir comme on choisit un produit au supermarché», a jugé pour sa part Carlos Pereira, membre du bureau exécutif de l’OGBL. En effet, le patronat ne devrait pas avoir le droit de changer de service ou d’en créer un pour le fermer par après, comme cela est déjà arrivé.

Un service unique, non subventionné par les patrons, à long terme, devrait permettre de faire des économies. De l’argent à réinvestir dans la médecine de travail. «Une bonne médecine du travail doit pouvoir coûter de l’argent», a conclu Jean-Luc De Matteis, vendredi.

Frédéric Braun