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Une majorité «arrogante» et «nonchalante», selon le CSV


Le CSV en a assez de l’arrogance de cette si courte majorité. Il estime pouvoir prétendre à un meilleur traitement dans une démocratie parlementaire. (photo Fabrizio Pizzolante)

Les députés chrétiens-sociaux n’en reviennent pas du comportement de la majorité, tout juste capable d’opiner du chef, selon elle, quand le gouvernement la siffle. Le CSV déroule son bilan.

Ils se font systématiquement balayer par la majorité, mais ne baissent jamais les bras. Les députés chrétiens-sociaux reviennent inlassablement à la tribune pour déposer des motions qui sont le plus souvent rejetées par la majorité. Sur les 120 déposées au cours de cette dernière session, seules 19 ont été accueillies favorablement, soit 15,8%.

La majorité, qui juge très souvent «superfétatoires» les motions de l’opposition, n’a pas eu honte d’en rejeter une la semaine dernière dans le cadre du débat sur la sécurité pour en adopter une autre quasi identique quelques minutes plus tard, mais rédigée de sa main cette fois. Les députés CSV n’en revenaient pas et l’épisode leur reste encore en travers de la gorge.

Il faudrait éplucher les archives pour savoir comment les députés CSV se comportaient quand ils occupaient les rangs de la majorité. Mais de mémoire, ils se rappellent avoir voté pour la commission d’enquête sur le SREL, pour la commission d’enquête concernant l’ancien ministre socialiste Johny Lahure (1998). Ils ont retoqué le budget de leur propre ministre Luc Frieden il y a dix ans, et ils ont certainement voté en faveur de motions, «mais elles n’étaient pas aussi fréquentes», reconnaît Martine Hansen. Selon la coprésidente du groupe parlementaire et députée du Nord, «jamais auparavant l’opposition parlementaire n’avait réalisé un travail aussi énorme et une opposition aussi constructive, systématiquement détruite».

En chiffres et ajoutés aux 120 motions, elles citent encore 47 amendements (2 acceptés) et 10 propositions de loi (1 acceptée). Le CSV est aussi à l’origine de 6 débats ou interpellations, 23 questions élargies et 12 heures d’actualité. La fraction travaille sans relâche, mais n’a jamais été autant effarée par le comportement de la majorité, qu’elle estime «arrogant». Il ne s’agit pas seulement des motions qui passent mal.

Percer la muraille

Le dernier grand débat en date, relatif au rapport Waringo sur les foyers d’infection dans les structures d’accueil du troisième âge, démontre à satiété cette «arrogance» alors que la ministre de la Famille, Corinne Cahen, a préféré garder le silence face aux députés de toute l’opposition, déchaînés contre elle. «C’est du jamais vu, après cinq heures de débat et une série de questions, d’ignorer ainsi les députés pour aller se poster devant la presse», dénonce Martine Hansen. La discussion n’a pas eu lieu et c’est précisément là qu’elle a sa place légitime dans une démocratie parlementaire, répètent les députés de l’opposition. «Il n’y a pas de contre-argument et c’est très problématique», insiste encore la coprésidente.

Le plus inquiétant pour le CSV, c’est que tous les députés de la majorité trouvent «normal» que Corinne Cahen se taise. «Y compris le président, qui aurait dû inviter la ministre de la Famille à répondre aux députés», conclut Martine Hansen.

Le CSV doit percer la muraille pour obtenir ce qu’il estime être en droit d’obtenir. Ce fut le cas pour le rapport Waringo sur les maisons de soins et de retraite, que l’opposition a réussi à obtenir. À la suite des conclusions de ce rapport, la proposition de loi du CSV sur le Covid Check rendu obligatoire pour les personnels des structures d’accueil a été acceptée.

Gilles Roth, coprésident, estime qu’avec une si courte majorité l’opposition mérite un meilleur traitement. Et donc une plus grande écoute quand elle alerte sur les sujets urgents comme le risque de pauvreté, la crise du logement, la réforme fiscale, mais pas «la taxe Covid», prévient Gilles Roth. Difficilement réalisable, estime le député.

De la même manière, le CSV ne veut pas entendre parler d’un impôt sur les successions en ligne directe, mais dit oui à une taxe sur les terrains constructibles laissés à la spéculation. Une exception cependant, les propriétaires pourront toujours conserver, sans être assommés fiscalement, un terrain pour leur descendance.

Des propositions qui seront acceptées ou du moins discutées, espère le CSV, qui continuera à travailler d’arrache-pied, promet-il.

Geneviève Montaigu