Nina Basok est une ukraino-luxembourgeoise qui vit dans la capitale, à Kiev. Elle a accepté de témoigner sur l’ambiance dans son pays, alors qu’une menace d’invasion russe affole le monde depuis plusieurs semaines.
«La panique est passée, nous sommes habitués aux actions de notre voisin». C’est résignée, comme ses compatriotes présents au Luxembourg, que Nina Basok, 25 ans, nous livre ses impressions alors que le monde reste suspendu depuis fin 2021 aux échanges entre les dirigeants européens et Vladimir Poutine.
Au centre de ses échanges, son pays, l’Ukraine. Elle qui a toujours vécue ici, se dit “inquiète” mais sans plus. «La panique est passée depuis longtemps» : comme si elle savait à l’avance les pas de danse qu’allaient effectuer la Russie.
Il faut dire que les Ukrainiens semblent malheureusement s’être habitués, au fil des années, à ce type d’alerte. Non sans sacrifice.
«Nous avons passé huit ans d’agonie, à regarder chaque jour s’il y avait encore des morts à l’Est de l’Ukraine. Nous avons préparé des repas et des équipements spéciaux pour les soldats, pour les aider à se masquer notamment. Nous avons donné de l’argent pour que les gens puissent acheter des armes, quand l’armée n’en avait plus en 2014…”, se remémore-t-elle douloureusement.
Pas de retour possible au Luxembourg
La jeune chercheuse de Visegrad Insight, qui vit à Kiev avec ses parents, a bien songé à quitter l’Ukraine pour rejoindre le Luxembourg. Mais un tel changement de vie ne peut pas se faire en un claquement de doigts.
«Il n’est pas facile de déménager au Luxembourg rapidement et sans avoir des proches déjà sur place. Comme ma famille visite le Grand-Duché assez souvent, en décembre dernier, nous avons demandé à l’office social de la capitale s’il existait des aides pour les Luxembourgeois qui sont dans notre situation : sans domicile, personne ne peut nous aider. Or pour avoir un domicile, il faut un contrat de travail mais inversement également…»
Ce cercle vicieux a définitivement décidé Nina et ses proches à ne pas déménager au Luxembourg. «Nous restons en Ukraine, malgré les Russes aux frontières», explique-t-elle.
Des cours pour apprendre à survivre
En attendant une potentielle invasion (la Russie a annoncé ce mercredi 16 février le retrait de ses troupes de Crimée, ndlr), Nina fait comme tout le monde : elle se prépare. Ici, pas de ruées dans les supermarchés, mais plutôt des «cours préparatoires» pour apprendre à survivre.
«Tout le monde garde son calme et si quelqu’un panique, on ne le voit pas. Mais nous apprenons à survivre dans des villes en guerre et nous voyons des hommes s’inscrire dans des bataillons volontaires pour protéger la ville. Nous avons une expression ici qui résume bien la situation : on se prépare au pire, mais on espère le meilleur».
Selon les sources disponibles du Ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), environ 20 citoyens et résidents luxembourgeois se trouvent en Ukraine.
Afin d’assurer que le MAEE ait une vision aussi complète que possible quant aux citoyens et résidents luxembourgeois qui s’y trouvent actuellement, ceux-ci sont vivement encouragés à s’inscrire dans le LamA (Lëtzebuerger am Ausland) via www.myguichet.lu.
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