Une équipe de chercheurs luxembourgeois vient de faire une découverte prometteuse sur le rôle de certaines bactéries.
Quel est le point commun entre les stations d’épuration biologiques et notre appareil gastro-intestinal? Ces deux écosystèmes abritent un nombre presque incalculable d’espèces bactériennes. Ces organismes minuscules sont en effet présents partout, dans la terre, dans l’eau, et aussi dans notre estomac!
Mais bien qu’étant les premiers êtres vivants (ils sont apparus il y a un peu plus de 3,5 milliards d’années), ce ne sont pas les plus connus. Ce sont en effet les derniers organismes à avoir été découverts, en raison de leur petite taille (5 millièmes de millimètres).
Et si les bactéries intéressent fortement les scientifiques, c’est qu’elles peuvent opérer d’importantes transformations sur l’écosystème dans lequel elles vivent : par exemple, l’estomac des hommes et des animaux renferme de nombreuses bactéries jouant un rôle important dans la digestion. Or des scientifiques du Luxembourg Centre for Systems Biomedicine (LCSB) et de la Life Sciences Research Unit (LSRU) de l’université du Luxembourg viennent de réussir pour la première fois, en collaboration avec des chercheurs américains, à déterminer les espèces clés de voûte de ces écosystèmes, bref, celles sans lesquelles ces écosystèmes s’effondreraient.
Aider les victimes de la maladie de Parkinson
Grâce à l’émergence de nouvelles technologies, les chercheurs, emmenés par le docteur Paul Wilmes, ont pu analyser de très grandes quantités de données et «reconstruire» sur ordinateur le fonctionnement de ces écosystèmes complexes que sont l’estomac humain ou des stations d’épuration. Les espèces clés de voûte, explique ainsi le Dr Wilmes dans un communiqué, «assument une fonction essentielle dans l’écosystème». De nombreuses autres espèces dépendent d'[elles]. Leur disparition pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’ensemble de l’écosystème. Mais si on soutient les espèces clés de voûte, la communauté de vie se stabilise.»
Le directeur du LCSB, le professeur Rudi Balling, confirme l’importance médicale de ces découvertes : «Nous partons du postulat que des pathologies comme la maladie de Parkinson peuvent trouver leur origine dans le dysfonctionnement de la composition des communautés de vie microbiennes dans le corps humain. Ces connaissances sur les espèces clés de voûte nous aideront à l’avenir à analyser de plus près les causes moléculaires et à étudier des mesures permettant de reconstruire l’équilibre écologique de l’intestin, par exemple.»
R. V. D.