Accueil | Politique-Société | Une grève couve à l’aéroport du Findel

Une grève couve à l’aéroport du Findel


La représentation du personnel de l'administration de la Navigation aérienne brandit la menace de grève. (illustration Jean-Claude Ernst)

Face au spectre d’une privatisation de l’administration de la Navigation aérienne (ANA), les syndicats OGBL et CGFP menacent de lancer une grève au Findel, dans les meilleurs délais.

La représentation du personnel de l’administration de la Navigation aérienne (RPAA) s’est montrée catégorique, mercredi : «Les négociations autour de la privatisation de l’ANA arriveront à terme. Une grève semble finalement inévitable», indique la RPPA, avant d’évoquer, que «des arrêts de service réguliers semblent inévitables».

Pour le syndicat OGBL, qui est représenté dans la RPPA via la Guilde luxembourgeoise des contrôleurs de la circulation aérienne et qui s’oppose à toute tentative de privatisation d’un service public, la situation est «inacceptable». «Il y a actuellement deux opérateurs responsables pour l’aérodrome, l’ANA et lux-Airport SA. Or, les desseins du gouvernement sont de nature à ne vouloir disposer plus que d’un seul et unique opérateur, à savoir lux-Airport SA, qui concentrerait tous les pouvoirs.»

Si, d’un point de vue juridique, la société lux-Airport SA appartient à 100% à l’État, il n’en demeure pas moins qu’elle est une société privée disposant du statut de société anonyme. D’où la crainte des syndicats, malgré le fait que le ministre en charge des Transports, François Bausch, ait toujours présenté cette situation comme une garantie. «Personne ne sait si demain, l’actionnariat est susceptible de changer!», rétorque-t-on du côté de l’OGBL, qui cite l’exemple de l’aéroport de Bruxelles, qui a été racheté il y a deux ans, à hauteur de 75%, par un fonds de pension canadien, alors qu’il était auparavant détenu à 100% par l’État belge.

«L’État a tout intérêt à parvenir à un accord»

Par extension, le syndicat voit d’un très mauvais œil le fait qu’une administration étatique – l’ANA donc – puisse travailler en sous-traitance pour le compte d’une société privée. «Cela va à l’encontre de la bonne gouvernance de l’État», s’insurge l’OGBL, qui compare cette situation à celle où l’administration des Ponts et Chaussées travaillerait en sous-traitance pour une compagnie de construction privée (à titre d’exemple). De plus, l’OGBL réfute en bloc l’argumentation selon laquelle Bruxelles interdirait l’exploitation d’un aérodrome par plus d’un opérateur. «La législation européenne, par le biais d’un règlement de 2014, dit carrément le contraire», affirme le syndicat.

La suite ? Si aucun compromis n’est trouvé avec le ministère et ce, avant la fin du mois d’août, il restera aux syndicats une ultime chance, à savoir la continuation de la procédure de médiation, début septembre (lire encadré ci-dessous). Mais si cette réunion de la dernière chance devait ne pas aboutir à un accord, la grève sera «véritablement inévitable si le gouvernement s’acharne à camper sur sa position», dixit l’OGBL, qui estime encore qu’«il a tout intérêt à parvenir à un accord, de surcroît parce que ce dossier est ouvert depuis pratiquement un an».

Pour justifier son opinion, le syndicat rappelle que beaucoup de travail a été accompli au sein du groupe de travail, spécialement mis en place à cet effet, le 29 avril dernier par le Premier ministre, Xavier Bettel, en personne. Le plus surprenant pour l’OGBL, est le fait que des solutions aient, effectivement, été trouvées, au terme des quatre à cinq réunions de ce groupe de travail.

«Volte-face inacceptable de la DAC»

Cela étant, l’OGBL jette la pierre au ministre Bausch, qui, au contraire, «a des problèmes avec la mise en application des solutions trouvées», selon le syndicat. Avant, pour l’OGBL de préciser : «Au final, c’est surtout la Direction de l’aviation civile (DAC) qui cherche à torpiller tous les accords trouvés de part et d’autre.»

Le syndicat évoque, dans ces circonstances, un retournement de veste. «La DAC a soudainement reviré de position, alors que les accords étaient sur le point d’être finalisés. Cela est incompréhensible et inacceptable. On se demande même si le directeur de la DAC, qui était également autour de la table des négociations a informé son ministre de tutelle de son volte-face, il y a une semaine environ.» Puis l’OGBL de conclure, dans ce dossier, que «si telle est la position finale du gouvernement, une grève aura lieu».

Claude Damiani

Le ministère prend position

Contacté par Le Quotidien, le ministère du Développement durable et des Infrastructures (MDDI), qui est en charge des Transports, a réitéré sa position déjà précisée récemment, à savoir qu’il «cherche des solutions, avant la fin du mois d’août», échéance marquant la fin des négociations.

Pour le syndicat OGBL, «si aucune solution n’est effectivement trouvée avant la fin du mois, nous miserons tout sur la continuation de la procédure de médiation». Une date est d’ailleurs d’ores et déjà fixée, au début du mois de septembre, devant le médiateur en charge de «l’affaire», à savoir le président de la Cour supérieure de justice, Jean-Claude Wiwinius.