Les trois tests de dépistage par semaine constituent un pilier de la stratégie anticovid de l’Éducation nationale. Sur le terrain, le nombre d’élèves qui refusent de se faire tester serait toutefois important. Témoignage.
Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, ne cesse de le répéter : «Il n’y a pas un secteur d’activité où il existe des règles aussi strictes et où un nombre si important de tests est réalisé.» Dans les écoles, tous les élèves seraient «testés au moins toutes les 48 heures contre le covid».
La pratique des trois tests par semaine (lundi, mercredi, vendredi) «fonctionne». «Nous voyons toutes les semaines que des centaines de milliers de tests sont réalisés», a notamment souligné le ministre libéral, lundi matin, sur les ondes de RTL.
Mais qu’en est-il de la réalité sur le terrain ? Le total de 22 550 cas positifs détectés depuis début janvier dans les écoles du pays (lire ci-dessous) correspond-il au nombre réel d’infections détectées dans le fondamental et le secondaire ?
Certains enseignants en doutent. Ils disent surtout se sentir «mal à l’aise» en constatant que la participation aux tests rapides réalisés en classes varie fortement. «Je suis choquée par le nombre d’élèves qui refusent les tests», alerte une enseignante du secondaire qui s’est confiée au Quotidien.
Un exemple : 21 élèves sur 24 non testés
Ce sentiment serait partagé par de nombreux collègues. «Nous nous retrouvons tous les jours face à des élèves qui ne sont pas encore vaccinés et qui refusent aussi de se faire tester. Il s’agit d’une situation irresponsable, à la fois envers les autres élèves qui jouent le jeu et aussi envers les enseignants exposés à un risque d’infection élevé», souligne l’enseignante que nous avons pu interroger.
En l’absence de chiffres détaillés, elle a décidé de sonder directement ses élèves. «Je me suis retrouvée avec des classes où 16 élèves sur 23, tous âgés de 16 ans et plus, n’étaient pas testés. Dans une autre classe, ce sont même 21 des 24 élèves qui n’avaient pas participé au testing.»
Les élèves de moins de 16 ans ont besoin d’une autorisation parentale pour pouvoir participer aux tests.
Les plus de 16 ans peuvent décider eux-mêmes. «J’ai tenté de leur expliquer l’importance de se faire tester régulièrement, pour leur propre santé, mais aussi celle de leurs camarades de classe et leurs proches, notamment les plus âgés», reprend l’enseignante, qui souhaite garder l’anonymat.
La situation se serait légèrement améliorée depuis la rentrée de janvier. «Au moins un tiers continue cependant de refuser le test. C’est le cas dans mon établissement, mais aussi dans de nombreux autres lycées. L’incompréhension parmi les enseignants est grande.»
Les enseignants dont les témoignages nous ont été rapportés réclament une action plus ferme de la part du ministère : «Je ne comprends pas comment le ministre Meisch peut se vanter du testing dans les écoles, sans préciser que la participation reste volontaire. Quelle est la difficulté pour rendre ces tests obligatoires ? On est tout de même dans un autre registre qu’en ce qui concerne l’obligation vaccinale.»
Une lassitude grandissante
En attendant, la multiplication des infections dans les classes constituerait «un soulagement». Cela peut paraître paradoxal comme position, «mais au moins les tests deviennent obligatoires toutes les 24 heures si un élève est testé positif».
Les élèves qui ne sont ni vaccinés ni guéris et qui refusent le test sont d’office placés en quarantaine. Les autres peuvent continuer à participer aux cours en présentiel.
L’incertitude liée au dépistage n’est qu’un facteur supplémentaire qui génère de la lassitude auprès du personnel scolaire. «On est tous très fatigués. La situation est très compliquée à gérer. Tous les matins, on est informé des absences et l’on doit s’organiser pour assurer les cours à distance pour les élèves en isolement ou en quarantaine», énonce notre enseignante.
Elle et ses collègues ne remettent cependant pas en question le besoin de garder les écoles ouvertes.
«On est tous d’accord sur l’importance de continuer à assurer les cours en présentiel. Il s’agit de la meilleure solution pour les élèves. Mais, en partant de ce constat, il serait important que le ministre se montre plus incisif pour augmenter la sécurité sanitaire.»
En janvier : 22 550 cas positifs dans les écoles, dont 13 400 au fondamental
Comme le démontre le graphique repris ci-dessous, 22 553 cas positifs ont été comptabilisés dans l’enseignement, élèves et enseignants confondus. Sur la même période, le Luxembourg a enregistré 52 619 contaminations. Les écoles représentent donc 42,9 % de toutes les infections détectées. «L’on ne peut cependant pas établir avec certitude si la contamination a eu lieu au sein de l’école», relativise le ministre Claude Meisch.
FONDAMENTAL Les écoles primaires sont les établissements les plus sévèrement touchés par le covid : 13 409 infections en janvier. Les 0 à 14 ans restent aussi la catégorie d’âge à connaître le taux d’incidence le plus élevé. Près de 12 % des enseignants sont actuellement absents, cas de covid, congé pour raisons familiales, femmes enceintes ou simples maladies confondus.
SECONDAIRE Lors de la première semaine de janvier, les infections étaient encore proches de celles détectés dans le fondamental : 1 822 cas contre 1 797. Depuis, le nombre d’infections a cependant progressivement diminué pour atteindre un total de 9 114 contaminations.
«Le booster désormais accessible aux plus de 12 ans peut expliquer ce recul», avance Claude Meisch. Actuellement, 8 % du corps enseignant est absent.
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Avec 3 doses ils ne devraient pas avoir peur et travailler.
Avec 3 vaccins ils ne devraient pas avoir peur et travailler.
Irresponsables, ces élèves et parents. Et puis ils se plaignent des profs infectés avec 3 vaccins !