Le président de la Chambre des députés a évoqué, ce lundi 3 janvier, une démocratie menacée par de fausses informations. Dans le même temps, des pétitions à succès promettent des débats qui ne vont pas combler le fossé.
Jamais autant de débats s’opposant aux mesures sanitaires ou à la vaccination obligatoire, si ce n’est au vaccin tout court, n’ont été simultanément en préparation à la suite du succès que chacune de ces pétitions a recueilli ces dernières semaines. Et ce n’est pas fini.
Dès les premières heures de 2022, de nouvelles pétitions ont été introduites sur le même sujet, tandis que la période de clôture de signatures s’achevait pour d’autres et toujours avec le même succès.
La dernière en date, celle introduite par Alexandre Dombrat, a terminé l’année avec 5 923 signatures. Elle demande soit la fin du Covid Check, soit des tests remboursés et obligatoires pour tous, vaccinés ou non. Le vaccin ne protège pas et si c’est le cas, les vaccinés n’ont rien à craindre des non-vaccinés, lit-on dans le texte de cette dernière pétition.
Les députés, de leur côté, préparent le débat sur la vaccination obligatoire, précisément, afin de permettre au gouvernement de l’imposer si nécessaire et rapidement de manière sectorielle au moins dans un premier temps. Les thèses promettent de s’affronter, chacun campant sur ses positions.
Des vœux en vidéo
Lundi, le président de la Chambre des députés, Fernand Etgen (DP), présentait ses traditionnels vœux virtuellement, sous forme de vidéo. Pas de réception au programme cette année encore eu égard à la menace Omicron que le gouvernement ne prend pas à la légère.
Les chiffres des contaminations explosent, comme prévu, mais la situation dans les hôpitaux reste stable avec 21 patients en réanimation et 70 en soins normaux.
Le virus a fait 915 victimes depuis février 2020 et il a créé non seulement une crise sanitaire mondiale, mais encore un fossé abyssal dans la société. Le président de la Chambre des députés évoque une «démocratie aujourd’hui menacée» par des individus véhiculant de «fausses informations», des «angoisses», des gens qui «instrumentalisent l’insécurité et les inégalités».
Ce n’est pas ça la démocratie, où la critique a toute sa place, certes, mais pas de cette manière, selon le discours du président qui reconnaît que dans le pays, «tout est loin d’être parfait». Il assure que les députés «sont les premiers à le savoir» mais aussi les «premiers à débattre du sujet», avant de préciser que malgré tout, le pays peut se targuer d’une économie forte et d’un bon système social.
Des réseaux à la Chambre
La démocratie qui permet aux citoyens d’introduire des pétitions et d’en débattre en cas de succès va vivre de grandes heures en ce début d’année.
Et si, comme le dit Fernand Etgen, il a fallu apprendre à vivre avec le virus, il n’a pas fini de diviser la population. En 2020, le président de la Chambre se souvient «d’un élan extraordinaire de solidarité», puis la rétrospective de l’année suivante est moins glorieuse.
«Il faut montrer du respect à l’égard des opinions des autres», insiste-t-il, marqué par les débordements des manifestations de décembre et les dérapages verbaux de certains leaders. Certains vont se retrouver dans la salle plénière face à des députés en grande majorité hostiles à leurs positions et dont ils pensent le plus grand mal.
Quand le président parle de démocratie, eux parlent de dictature. Les débats vont être chauds et malheureusement le fossé risque encore de se creuser, un an après le début de la vaccination qui n’a pas tenu toutes ses promesses face à des variants toujours plus malins en libre circulation.
Les prochaines décisions du gouvernement concernant l’obligation vaccinale vont entraîner une nouvelle situation. Quelles qu’elles soient. Les pro et les anti vont continuer à s’affronter, comme ils le font depuis deux ans sur les réseaux sociaux avant de descendre dans la rue. La prochaine rencontre aura lieu à la Chambre des députés.
Geneviève Montaigu
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