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Une campagne pour promouvoir une vie active durable au Luxembourg


«Les gens doivent être capables de travailler plus longtemps», estime le ministre Nicolas Schmit. (Photo : Alain Rischard)

Bien vieillir sur son lieu de travail, en bonne forme et en bonne santé. C’est le thème d’une campagne européenne afin d’inciter les entreprises à adopter des programmes de politique des âges.

Il y a bien un projet de loi dans les tuyaux depuis avril 2014 qui concerne cette problématique. Le ministre Nicolas Schmit compte le réactiver. En attendant, l’âge réel de départ à la retraite se situe bien loin des 65 ans qui demeure l’âge légal.

Le sujet est d’importance, selon le ministre du Travail, Nicolas Schmit. Le bien-être au travail à tous les âges, thème d’une campagne de deux ans initiée par l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, présente le mérite de se pencher sur une réalité qui ne place pas le Luxembourg en tête de peloton.

Alors que l’espérance de vie se rallonge et que l’âge de la retraite est fixé à 65 ans au Luxembourg, l’âge réel se situe à 56,6 ans pour les hommes et 59,6 ans pour les femmes. Quand on interroge les travailleurs de 50 ans pour savoir s’ils se sentent aptes à effectuer les mêmes tâches à 60 ans, ils ne sont que 56 % à répondre par l’affirmative contre une moyenne européenne de 71 %.

«Les gens doivent être capables physiquement et moralement de travailler plus longtemps», estime le ministre du Travail. Mercredi, il participait à une table ronde, organisée par l’Inspection du travail et des mines (ITM) au domaine thermal de Mondorf-les-Bains, intitulée «Promouvoir une vie active durable». Le Luxembourg connaît un taux d’emploi des plus de 55 ans de 40 % seulement, soit 10 % de moins que la moyenne européenne. «Ceci a un impact sur le financement des pensions», prévient le ministre qui s’adresse aux entreprises pour les sensibiliser à cette problématique. «Les entreprises, au contraire, adoptent des stratégies pour se séparer des personnels les plus âgés et c’est pernicieux», déclare le ministre, en encourageant les patrons à adopter «une attitude positive face au vieillissement». Les politiques aussi.

L’exemple finlandais

Mercredi, Nicolas Schmit a rappelé qu’un projet de loi déposé le 3 avril 2014 devait être réactivé. Il concerne des modifications du code du travail par l’introduction d’un paquet de mesures en matière de politique des âges. Depuis la nomination d’un rapporteur il y a tout juste un an, le projet de loi sommeille. La Chambre des salariés, qui avait avisé le texte, relevait que «bien souvent, les travailleurs plus âgés ne bénéficient pas de conditions de travail conformes à leur âge ou conditions de santé». La CSL poursuivait en indiquant que «des phénomènes comme le syndrome d’épuisement professionnel (ou burn-out), par exemple, poussent les salariés de plus de 57 ans à quitter avec hâte leur emploi pour partir à la retraite».

Le ministre prévient que ‹si les entreprises ne modifient pas leur pratique en matière de recrutement et de rétention des travailleurs plus âgés, elles risquent d’être confrontées à une série de problèmes majeurs. Parmi ceux-ci figure le départ, parfois massif, de travailleurs âgés, entraînant une perte d’expertise, de connaissances et de compétences pour l’entreprise. Mais c’est tout au long de la carrière que le travailleur doit se sentir dans un environnement sain, afin de le préserver des maladies causées par de longues années d’exposition aux risques.

Le ministre en a profité pour rappeler les bienfaits de la flexibilité du travail qui permet aux seniors «de travailler à temps partiel ou d’opter pour une retraite progressive, ce qui est doublement avantageux».

Nicolas Schmit cite l’exemple finlandais qui a adopté une politique des âges qui porte ses fruits. Le guide de l’agence européenne livre un cas concret d’une entreprise fabriquant des produits chimiques ayant développé un programme de politique des âges. Résultat : la retraite pour incapacité au travail a quasiment disparu et l’âge moyen de départ à la retraite a donc augmenté. En outre, plus de 90 % des employés remplissant les conditions requises ont recours aux programmes de remise en forme individuelle proposés et les résultats des questionnaires d’enquête indiquent un niveau élevé de satisfaction du personnel. À la suite du succès de ce programme, l’entreprise a également mis en œuvre un «programme pour les juniors», c’est-à-dire les travailleurs de 36 ans ou moins.

Comme le résume l’agence européenne, «assurer un vieillissement en bonne santé au travail implique que les travailleurs vivent bien, travaillent bien et vieillissent bien». Ou, comme dirait Nicolas Schmit, «le travail ne doit pas rendre malade».

Geneviève Montaigu