Créée en début d’année pour apporter un soutien juridique aux mendiants, l’ASBL Solidaritéit mat den Heescherten s’est fendue d’un communiqué de presse ce mercredi pour dénoncer le «Platzverweis renforcé».
Le «Platzverweis renforcé» constitue une «nouvelle attaque contre les pauvres et les sans-abris», s’indigne Solidaritéit mat den Heescherten (Solidarité avec les mendiants), ce mercredi matin. Avalisé en Conseil de gouvernement le 17 juillet, le «Platzverweis renforcé» constitue un arsenal de mesures progressives pour éloigner quiconque se montre gênant sur la voie publique en entravant la circulation, en troublant la tranquillité, la salubrité ou la sécurité publiques.
Les contrevenants se verront d’abord délivrer un rappel à l’ordre, puis une injonction de s’éloigner et finalement un éloignement par la police. Cet éloignement pourra se pratiquer par la force, dans un rayon d’un kilomètre au maximum et pour une durée de 48 heures, indique le projet de loi. Et en cas de non-respect (au moins deux fois en l’espace de 30 jours), le bourgmestre pourra prononcer une interdiction temporaire de lieu pour une durée maximale de 30 jours.
Le problème de la « mendicité agressive »
Bien que cette mesure ne concerne pas spécifiquement un groupe de personne en particulier, l’ASBL craint que les plus pauvres ne soient les premiers visés. «Impossible, écrit l’ASBL, en effet, de dissocier le « Platzverweis renforcé » d’un autre projet de loi, qui vise à inscrire une définition de la « mendicité agressive » dans le code pénal luxembourgeois, inexistante à ce jour».
Cette définition était apparue en France sous le mandat de Nicolas Sarkozy et à l’époque «avait été fortement critiquée comme conduisant à une criminalisation de la pauvreté». L’ASBL s’interroge : «Une fois l’abolition de la « mendicité simple » actée, visera-t-on les mêmes personnes qu’avant à travers une terminologie juridique différente ?».
L’association s’oppose fermement à ce projet de loi et demande au gouvernement de le retirer. Dans le cas contraire, il «constituerait sans doute une entrave grave aux libertés des personnes concernées, qui se verraient le cas échéant, privées de la possibilité de se rendre au travail ou chez un médecin, d’utiliser les transports publics ou de se rendre chez la Stëmm ou autres associations caritatives», indique encore Solidaritéit mat den Heescherten.
Et au lieu de vouloir «rendre invisible la pauvreté et la misère qui s’étendent au sein de notre société en éloignant les pauvres des centres d’activité», l’ASBL conclut en suggérant au gouvernement de «développer une stratégie claire et efficace de lutte contre le sans-abrisme et les exclusions».