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Une agriculture respectueuse de la nature, c’est possible


Le troupeau de vaches se promène en toute liberté entre les anciens sites d'exploitation minière bordés par des forêts. (photo Alain Rischard)

Une dizaine de vaches évoluent toute l’année dans une nature de plus en plus diversifiée dans le cadre d’un projet d’agriculture extensive à Kayl.

Qui a dit que l’agriculture et la protection de la nature étaient incompatibles ? Avant que les agriculteurs ne succombent aux progrès apportés par les pesticides et les engrais, elles l’étaient. Seulement, cet aspect avait été gommé des mémoires par la course au progrès. Face aux effets de plus en plus marqués du changement climatique et grâce à une prise de conscience des instances politiques, un revirement s’opère. À l’agriculture intensive, on préfère – là où elle est possible – une agriculture extensive, plus favorable à la nature. C’est le cas au lieu-dit Léiffrächen.

Dans un paysage vallonné, protégé par une forêt, vivent à l’année une dizaine de vaches rustiques. Ces bêtes destinées à la boucherie peuvent gambader à loisir sur les 20 hectares de champs rachetés à l’ARBED par l’État luxembourgeois. Ce vaste espace classé Natura 2000 en passe de devenir une réserve naturelle est exploité par un agriculteur de la région en concertation avec l’administration de la Nature et des Forêts. L’idée était d’adapter «l’utilisation au terrain» et de tirer profit des nombreux avantages qu’offre la pratique d’une agriculture extensive.

Écologique et économique

Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement, et Fernand Etgen, ministre de l’Agriculture, entre autres, ont présenté mardi matin, les objectifs et les avantages de ce projet. À commencer par une réduction des frais d’exploitation des terres puisque les vaches se chargent de tout et que l’intervention de machines agricoles et des produits plus ou moins chimiques ne sont pas nécessaires. De plus, les vaches occupant le terrain en permanence, l’agriculteur peut faire l’économie d’une étable. L’exploitation du terrain étant adaptée à son utilisation, elle n’est donc pas tributaire du changement climatique.

Cette manière de laisser faire la nature entraîne le retour d’une biodiversité tant florale qu’animale. L’administration de la Nature et des Forêts a relevé plus d’une cinquantaine d’herbes et de fleurs différentes sur le site et a constaté la présence de microhabitats pour les insectes et les animaux. Ces herbes sont consommées par les vaches et parfument leur viande qui sera ensuite commercialisée sous l’appellation «Naturschutz Fleesch». Une viande vendue un peu plus cher que celle issue de l’élevage intensif, mais une viande propre.

Une centaine d’entreprises agricoles exploitent près de 2 800 hectares de terres de manière durable au Luxembourg à travers des projets menés par l’administration de la Nature et des Forêts en partenariat avec le gouvernement. Ces projets, ont souligné les deux ministres présents, permettent de redonner une image positive des agriculteurs qui protègent la nature et luttent contre le changement climatique.

Sophie Kieffer