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Un risque de pauvreté galopant au Luxembourg


Le Luxembourg, c’est aussi le pays dont le taux de risque de pauvreté progresse le plus à court terme (+4,8 % sur un an), comme à long terme. (photo Fabrizio Pizzolante)

La Chambre des salariés a présenté son Panorama social qui offre des chiffres peu glorieux pour un pays riche comme le Luxembourg. La publication ne réserve aucune véritable surprise.

Pas de surprise. Un des pays les plus riches du monde, le Luxembourg, voit son taux de pauvreté augmenter au fil des années. Pour la Chambre des salariés, qui présentait hier son onzième Panorama social, c’est un constat redondant. Ce sont toujours les mêmes qui sont le plus touchés, les ménages monoparentaux (41,3%) ou encore les familles nombreuses (35,1%).

Le Luxembourg, c’est aussi le pays dont le taux de risque de pauvreté progresse le plus à court terme (+4,8% sur un an), comme à long terme. D’un point de vue historique, le taux de risque de pauvreté de 2019 (17,5%) est le plus élevé jamais enregistré dans le pays. Cela ne laisse rien augurer de bon pour 2020 avec le passage de la crise sanitaire. Déjà aujourd’hui, le pays prend la deuxième place de la zone euro pour le taux de risque de pauvreté des personnes qui travaillent, ce taux est même en hausse constante depuis trois ans : de 10,8 % en 2017 à 12,1% en 2019. Pire encore, un chômeur sur deux risque de sombrer dans la pauvreté.

C’est encore et toujours le logement qui pèse lourdement sur le revenu des ménages. Plus d’un tiers d’entre eux déclarent faire face à de lourdes charges financières liées au logement.

Parallèlement, l’économie luxembourgeoise n’a cessé de créer des emplois en 2020, faisant ainsi, avec Malte, figure d’exception au sein de la zone euro. «Si la création d’emplois profite grandement aux frontaliers, ce n’est pas exclusivement parce que la main-d’œuvre indigène n’est pas qualifiée, c’est surtout parce qu’il n’y a pas assez d’habitants en âge de travailler disponibles pour le marché de l’emploi», constate a CSL, dans son Panorama social.

L’emploi en CDI reste, avec 90,8% en 2019, la norme parmi les salariés résidents. L’emploi temporaire augmente néanmoins de 30% entre 2010 et 2019. Ce sont les jeunes de 15 à 24 ans qui sont les plus concernés par ce type d’emploi, avec un taux de 36,7% en 2019.

La «pauvreté laborieuse»

En 2019, ce sont 18,9% des personnes ayant un emploi à temps partiel et 10% de celles travaillant à temps complet qui sont touchées par le risque de pauvreté. Pour les travailleurs à temps complet, le Grand-Duché se place sur la troisième marche des pires performances.

Et si l’on considère le risque de pauvreté des seuls salariés, le Luxembourg est également lanterne rouge au sein de la zone euro avec un taux de 11,9% en 2019, se lamente la CSL.

Le télétravail est une autre préoccupation. Il augmenterait le niveau de stress et générerait un déséquilibre entre vie privée et vie au travail, selon la CSL qui se fie à des études sur la question. L’intérêt pour le télétravail occasionnel, même après la crise, est élevé : 8 personnes interrogées sur 10 qui télétravaillaient au moins occasionnellement en 2020 y sont favorables, et deux tiers de celles qui ne télétravaillaient pas.

Les conséquences de la pandémie se font sentir : près d’un tiers des personnes interrogées présentent un risque de dépression, et 1 sur 10 présente des signes forts de dépression (surtout chez les plus âgés, les plus jeunes, et les personnes vivant seules).

De ce Panorama social, il faut surtout retenir une hausse de 31% depuis 2003 des personnes qui disent avoir des difficultés à joindre les deux bouts.

Geneviève Montaigu