En réaction aux événements récents, le ministre de la Sécurité intérieure a annoncé, vendredi, vouloir doter le pays d’urgence d’un plan « antiterrorisme ».
Le gouvernement met la pression sur le Conseil d’État pour évaluer un certain nombre de lois antiterroristes. (Photos : archives LQ-Jean-Claude Ernst/Isabella Finzi)
Vendredi après-midi, une réunion a eu lieu entre le gouvernement et le groupe de coordination en matière de lutte contre le terrorisme, dirigé par le Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN) et composé de la cellule antiterroriste de la police, du Service de renseignement de l’État (SREL), du parquet ainsi que du HCPN lui-même.
Objectif ? Faire le point sur la menace terroriste et recueillir les avis. Ainsi, la situation au Luxembourg, reste « inchangée » par rapport à la semaine dernière. Comme l’a expliqué Étienne Schneider, ministre de la Sécurité intérieure, s’il existe bien une « menace réelle », cette menace serait néanmoins « abstraite ». Il n’y aurait, à ce jour, aucune « indication concrète » à propos d’une action dirigée contre des « objets ou personnes » précis.
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Pourquoi donc cette annonce ? Comme le constate Étienne Schneider, la situation du terrorisme en Europe serait devenue plus « inquiétante ». Les évènements de ces derniers jours (Charlie Hebdo, jihadistes tués à Verviers) en fourniraient la preuve. Il conviendrait donc de maintenir une « vigilance accrue ». À cet effet, le gouvernement a d’ailleurs entrepris un certain nombre d’ « initiatives », et cela « avant même » les évènements de Charlie Hebdo.
Vendredi, le gouvernement a décidé des mesures supplémentaires. L’étude sur la radicalisation au Luxembourg dont est chargé le HCPN a donné lieu à un plan d’action l’année dernière, consistant, entre autres, en l’adoption d’une résolution de l’ONU sur les « foreign fighters » (combattants à l’étranger), tandis que, lors d’une réunion du Conseil de gouvernement en décembre ont été validés de nouveaux projets de loi visant la lutte antiterroriste.
À l’issue des discussions de vendredi, il a été décidé de faire parvenir un courrier au Conseil d’État l’invitant à rendre rapidement « ses avis sur les lois antiterroristes, mais aussi sur le SREL afin que la loi sur la réforme de l’HCPN puisse être votée d’urgence », comme l’a expliqué sans détour Étienne Schneider.
Le Premier ministre, Xavier Bettel, a assuré de son côté travailler sur des amendements concernant la réforme du SREL dont il espère qu’ils seront terminés fin février. Cela afin qu’un texte puisse être voté à la Chambre des députés avant les vacances d’été. Le gouvernement a en outre décidé de renforcer la cellule antiterroriste au sein de la police. Il est également prévu de consolider la coopération avec l’armée en temps de crise.
Autre outil dont le gouvernement compte doter le pays : la mise en place d’un niveau d’alerte généralisée, suivant l’exemple de la France et de la Belgique. Le dispositif actuel de la police, appelé PUMA, est limité à certains lieux comme le Palais grand-ducal ou les synagogues, avec une signalisation allant du vert au rouge en passant par l’orange. Pour l’instant, le Luxembourg ne dispose pas encore d’un dispositif pour le pays entier.
De notre journaliste Frédéric Braun