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Un «certificat vert» européen pour la mi-mai


La gestion de la crise sanitaire et le numérique ont été au cœur des discussions entre le Premier ministre, Xavier Bettel, le commissaire européen Thierry Breton et le secrétaire d’État français chargé des Affaires européennes, Clément Beaune. (Photo : Alain Rischard)

La visite du commissaire européen au Grand-Duché a été l’occasion de mettre en avant les réussites de l’Europe dont le Luxembourg est toujours un fervent défenseur et d’annoncer la mise en place d’un pass sanitaire.

La gestion européenne de la crise sanitaire, si elle n’est pas parfaite et peut sans doute être encore améliorée, n’en demeure pas moins efficace, et très certainement bien plus que si les États avaient dû faire cavalier seul. C’est ce qui est ressorti de la conférence de presse faisant suite à la visite de travail du commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, et du secrétaire d’État français aux Affaires étrangères, Clément Beaune, auprès du Premier ministre Xavier Bettel.

«Deux solutions s’offraient à nous pour gérer la crise sanitaire : laisser le marché régler les choses, mais nous n’aurions pas pu produire de vaccins au Luxembourg par exemple. Ou avoir une solution d’envergure. La solution européenne aura donc été celle où on aura pu avoir une avancée commune», a déclaré d’entrée de jeu Xavier Bettel. «Bien sûr, cela n’a pas toujours été facile, et nous avons été tributaires des producteurs», a reconnu le Premier ministre rappelant au passage l’action en justice intentée par l’UE contre le laboratoire suédo-britannique AstraZeneca.

À quelques jours de la journée de l’Europe qui se tiendra le 9 mai et décrétée jour férié au Luxembourg depuis 2019, l’heure était donc à la célébration des frontières ouvertes, du marché unique et des ambitions communes. «L’économie du Grand-Duché n’aurait pas pu fonctionner sans les frontaliers. Si nous avons pu gérer cette crise au niveau hospitalier, c’est du fait de frontières ouvertes! Fermer les frontières était bien le dernier réflexe à avoir», a rappelé le Premier ministre qui s’est toujours refusé à cette extrémité.

«Ce que nous sommes en train de réaliser en Europe est exceptionnel», a pour sa part insisté le commissaire européen Thierry Breton, même si cela n’est «peut-être pas à la hauteur des attentes des concitoyens». Premier exploit : il est scientifique. «L’Europe est le premier continent à avoir trouvé et développé un vaccin validé par les autorités de santé. Quatre vaccins qui fonctionnent sont européens et ont été mis sur le marché en dix mois seulement au lieu des 4 à 10 ans habituels», a-t-il rappelé.

Le deuxième exploit, c’est «la capacité de l’Europe à livrer les vaccins en temps et en heure» grâce aux 53 usines de production situées sur le territoire européen, ce qui devrait permettre à 70 % des adultes de l’UE d’être vaccinés d’ici l’été. Face aux retards de livraison que certains pourraient arguer, Thierry Breton dénonce la société «un peu consumériste», qui, à la manière des achats effectués sur Amazon, s’attend à recevoir sa commande dès le lendemain. «Ça ne marche pas pour les vaccins!»

Huit pays tests

Les trois représentants se sont aussi fait les chantres de la reprise de la libre circulation des personnes. À cet égard, la mise en place d’un passeport sanitaire, ou plutôt d’un «certificat vert» comme préfère l’appeler Xavier Bettel – le passeport laissant sous-entendre que sans ce dernier, on ne peut pas circuler – pourrait être l’un des éléments permettant de retrouver une vie normale au plus vite. Pas question toutefois pour le Premier ministre que la circulation soit uniquement réservée aux personnes vaccinées. «La vaccination ne constitue pas la seule solution : les tests rapides ou autotests peuvent être aussi une option. Donc le certificat ne doit pas être exclusif et doit reprendre les tests PCR ou la présence d’anticorps.»

Afin d’harmoniser un tel certificat entre les 27, la Commission européenne travaille «d’arrache-pied» pour mettre en place une preuve de ce que le commissaire Breton qualifie «d’acte citoyen et humanitaire». «Ce certificat donne un statut différent : non seulement vous êtes immunisé mais vous représentez moins un danger également.» L’UE doit fournir les outils techniques pour délivrer le code qui reflétera l’état des personnes, en toute confidentialité et avec une sécurité absolue. Huit pays, dont le Luxembourg, commenceront à tester dès la mi-mai ce certificat.

«Le cadre européen nous protège. L’UE est difficile et exigeante, mais elle sauve des vies. La plupart du temps, les difficultés viennent d’un manque d’Europe plutôt que d’un trop d’Europe», a conclu Clément Beaune.

Tatiana Salvan

Levée des brevets

Interrogé sur la question de la levée des brevets des vaccins contre le Covid-19, à laquelle l’UE est pour l’instant opposée, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, en charge des vaccins depuis le 5 février dernier, a estimé qu’il «faudra» effectivement se poser cette question, mais pas maintenant. «Une fois que les vaccins ont été garantis, il faut les produire. Or lorsqu’une usine pour produire des vaccins existe déjà, un transfert de technologie et le changement de ligne de production prennent au minimum un an. Puis il faut encore une centaine de jours pour fabriquer les vaccins. Dans le meilleur des cas, la production ne démarrerait ainsi que dans 14 mois. La priorité aujourd’hui est donc de livrer le plus vite possible les vaccins commandés, notamment par le biais de Covax», a-t-il expliqué, rappelant que l’Europe conservait la moitié de sa production et en exportait l’autre moitié, contrairement aux États-Unis qui ont choisi de ne pas livrer de doses.