Les pays du Benelux se sont rencontrés lundi au moment où ING annonçait sa vaste restructuration. La banque néerlandaise a gâché la fête, mais le Benelux se serre les coudes. Et lance du concret.
Le sommet annuel du Benelux s’est tenu lundi à Schengen, au milieu du vignoble du Markusberg. Pays-Bas, Belgique et Luxembourg, qui se veulent un laboratoire européen à forte valeur ajoutée, ont décidé une reconnaissance automatique des diplômes et comptent montrer la voie dans le domaine de la digitalisation.
Les pays du Benelux veulent rendre l’Europe «plus perceptible», selon l’expression du Premier ministre belge, Charles Michel. En cela, le Benelux souhaite montrer la voie tout en rappelant son attachement à l’Union européenne. «Le Benelux, c’est une valeur ajoutée au quotidien et il pourrait être à l’avant-garde du projet européen», déclare Charles Michel, dont l’enthousiasme, pourtant, a été durement éprouvé par l’annonce du vaste plan de restructuration de la banque ING et sa suppression de milliers d’emplois d’ici 2021.
«Ce matin, je pense aux salariés d’ING et j’ai d’ailleurs une réunion avec les syndicats cet après-midi et je lance un appel à ING pour que la banque assume ses responsabilités», poursuit le Premier ministre belge dont le pays subira plus de 3 500 suppressions de postes et de nombreuses fermetures d’agences bancaires. De son côté, Xavier Bettel indique que le Luxembourg n’est pas concerné par cette restructuration, selon ses informations. Quant à Mark Rutte, Premier ministre néerlandais, il souligne que c’est une décision d’une banque privée qu’il «ne commente pas», mais parle d’un «jour cauchemardesque».
«Cette annonce démontre que nous avons raison de nous battre de toutes nos forces pour créer des emplois», poursuit Charles Michel. Les trois Premiers ministres ont souligné l’importance d’augmenter le niveau d’investissement dans le but de stimuler la croissance économique et l’emploi, qui sont une priorité.
Une des raisons qui expliquent la restructuration d’ING se trouve dans la transformation numérique de l’économie. Hier justement, les trois chefs de gouvernement ont signé une déclaration dite «Digital Benelux» visant à intensifier les efforts qui peuvent être entrepris dans l’économie numérique pour renforcer le marché intérieur.
«De grande importance»
Puisqu’il faut rendre les choses plus perceptibles, les Premiers ministres du Benelux ont donc donné des exemples concrets. À commencer par une nouveauté relative à la reconnaissance des diplômes entre les trois pays. «Il n’y aura plus besoin de demander une homologation et de payer pour l’obtenir, cette reconnaissance se fera automatiquement pour tous les masters et tous les bachelors», précise Xavier Bettel. Cette mesure devrait prendre effet dans le courant de l’année 2017, alors que le gouvernement luxembourgeois travaille déjà sur le texte, selon le Premier ministre.
Le Benelux avait également fait du dumping social un cheval de bataille. Les trois pays ont mis en place des contrôles communs des agences d’emploi temporaire opérant outre-frontières et comptent bien montrer l’exemple au sein de l’UE.
L’emploi frontalier est aussi une réalité pour les pays du Benelux qui se réjouissent d’avoir mis en place une plateforme commune d’informations à destination des frontaliers.
Alors que l’Union européenne se trouve en pleine crise existentielle, le Benelux veut montrer que ses sommets «ne sont pas des réunions de famille, mais des rencontres de grande importance», déclare Xavier Bettel. Il souligne que «le principe de solidarité» anime cette troïka qui se voit bien en laboratoire de solutions communes avec un mot d’ordre : les mêmes règles pour tous et une plus grande implication des Parlements nationaux.
Pour se reconstruire, l’UE devrait se concentrer sur les domaines où la coopération européenne apporte clairement une valeur ajoutée, et déployer ses ressources dans cet objectif.
Concernant le référendum en Hongrie, finalement invalidé parce qu’il n’a pas obtenu une participation de 50 %, les résultats ont néanmoins montré que les votants se sont prononcés à 98 % pour le non à l’accueil des réfugiés imposés selon la répartition décidée à Bruxelles. Les dirigeants du Benelux ont rappelé qu’ils tenaient au principe de solidarité comme à une valeur essentielle de l’Union européenne. Xavier Bettel s’est dit quant à lui hostile à tout référendum national qui appelle à se prononcer sur des accords internationaux, et plus particulièrement européens.
Geneviève Montaigu