Dix associations ont demandé au gouvernement de changer sa position concernant le traitement des réfugiés afghans. Un appel pour accueillir ceux qui veulent fuir a été lancé.
Un appel au gouvernement a été lancé hier par 10 associations concernant la situation des Afghans au Grand-Duché mais aussi dans leur pays. Le communiqué commun a été signé par l’ACAT, l’Afghan-Lux Community Outreach, Amnesty International Luxembourg, le CLAE, l’ASTI, Open Home, Passerell, Time for Equality, Reech Eng Hand et l’association Ryse. Pour les membres de ces structures, il est urgent d’agir. En effet, la dégradation sécuritaire dans le pays après la prise de pouvoir par les talibans nécessite des décisions fortes et immédiates. «Il est maintenant clair, même pour celles et ceux qui ont ignoré les alertes de la société civile, qu’il y a un vrai danger généralisé pour la sécurité de la population, particulièrement des femmes, des membres des minorités religieuses et ethniques, à la communauté LGBTQI+, ainsi que des hommes et femmes ayant travaillé ou collaboré avec les armées ou les organisations étrangères», insistent les associations. Ces dernières sont en colère car depuis fin 2019, les Afghans et les Afghanes ne reçoivent plus de protection internationale comme si les talibans ne représentaient plus une menace. Aujourd’hui les choses ont bien changé et le gouvernement doit revoir sa position concernant l’accueil et surtout l’accès à la protection internationale des Afghans ou Afghanes qui viendraient trouver refuge au Grand-Duché.
«Pour les associations et organisations signataires, l’étendue et l’urgence de la crise obligent le Luxembourg et l’Union européenne à agir à plusieurs niveaux, sachant que depuis plusieurs années, l’Afghanistan figure parmi les principaux pays d’origine des demandeurs de protection internationale au Luxembourg et en Europe», poursuit le texte.
Couloirs humanitaires
De plus, les associations pensent également aux Afghans et Afghanes désirant quitter le pays désormais aux mains des fondamentalistes. «Après l’annonce du rapatriement des ressortissants et résidents luxembourgeois se trouvant sur le territoire afghan, il y a lieu d’assumer nos responsabilités en contribuant activement à la mise en sécurité des personnes risquant la vindicte du pouvoir en place», estiment les associations signataires. Selon ces dernières, la communication du gouvernement laisse entendre que seuls les hommes et femmes ayant travaillé ou collaboré avec les armées ou les organisations étrangères pourraient profiter de ce rapatriement. Pour les signataires, la réponse à l’urgence humanitaire doit être beaucoup «plus large».
Les dix associations demandent donc le maintien de l’arrêt complet des renvois pour des demandeurs de protection internationale de nationalité afghane déboutés. Elles souhaitent le réexamen de la situation des personnes déboutées du droit d’asile qui se trouvent au Luxembourg à la lumière de la nouvelle situation politique et militaire et l’octroi d’une protection pour ces personnes. Elles veulent aussi l’accélération du traitement des dossiers de protection internationale et de regroupement familial en cours en prenant en compte la violence extrême qui règne en Afghanistan. Elles désirent l’ouverture de couloirs humanitaires sûrs pour celles et ceux qui voudront fuir et demander la protection internationale en Europe et l’octroi de visas humanitaires pour les membres de famille des Afghans et Afghanes ayant obtenu le statut de réfugié ou la protection subsidiaire au Luxembourg.
L’inquiétude de la CCDH
La Commission consultative des droits de l’homme du Grand-Duché de Luxembourg (CCDH) s’est dit très préoccupée par la situation en Afghanistan. Ses membres sont indirectement en contact avec leurs collègues de la Commission indépendante des droits humains afghane (Afghanistan Independent Human Rights Commission – AIHRC). Celle-ci est composée de 90 personnes, pour une majorité de femmes. La CCDH est très inquiète car toutes ces personnes, de même que leurs familles, courent actuellement de gros risques pour leur vie. La CCDH demande que ces personnes puissent être exfiltrées afin de quitter l’Afghanistan dans les meilleurs délais. «Toute aide logistique et administrative de notre gouvernement est la bienvenue et ce faisant rejoindrait les efforts que d’autres pays de l’Union européenne sont en train de réaliser», estiment les membres de la commission. «Nous faisons nôtres les revendications d’ONG luxembourgeoises qui demandent que les personnes afghanes séjournant au Luxembourg et déboutées du droit d’asile puissent obtenir dans les meilleurs délais le statut de bénéficiaires de protection internationale», ajoutent-ils. Pour eux, aucun renvoi de déboutés de protection nationale n’est envisageable, ni dans le court, ni dans le long terme. La CCDH estime que l’Union européenne devrait ouvrir des couloirs humanitaires pour permettre aux citoyens afghans de demander la protection internationale et demande au gouvernement luxembourgeois de faire preuve de diligence pour aider toutes ces personnes.
LQ
Kee Frang ged ed, a schons guernet fir esou eppes….