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UE : un plan de relance «ni juste, ni vert», selon Greenpeace


"Nos gouvernements n'ont pas encore eu l'audace de convenir d'une reconstruction en mieux et de rendre nos économies à la fois plus vertes, plus équitables et plus résistantes aux crises futures", regrette Greenpeace. (illustration Didier Sylvestre)

Greenpeace Luxembourg a jugé peu ambitieux le plan de relance négocié par les états européens, notamment sur le plan environnemental.

«Les gouvernements européens ont affirmé vouloir mettre en place un plan de relance écologique pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Mais celui qui vient d’être proposé n’est ni juste ni vert, parce que les industries polluantes vont continuer à bénéficier de l’argent public. Cela signifie que tout bon investissement pourrait être neutralisé par un soutien aux industries archaïques. Une véritable relance nécessite un changement de paradigme et un renforcement de nos démocraties dans tous les domaines. Nos gouvernements n’ont pas encore eu l’audace de convenir d’une reconstruction en mieux et de rendre nos économies à la fois plus vertes, plus équitables et plus résistantes aux crises futures», a souligné Frank Thinnes, chargé de campagne Climat et Énergie pour Greenpeace Luxembourg.

Opportunité gâchée

Greenpeace s’est dit déçu à ‘heure où s’achève la première réunion en face à face des ministres de l’Union européenne depuis le début de la pandémie de coronavirus, Greenpeace constate que les États n’ont pas saisi l’opportunité d’exclure l’accès aux fonds de relance pour les entreprises polluantes.

L’accord sur le plan de relance prévoit que 30% de toutes les dépenses doivent être consacrées à des mesures visant à lutter contre le changement climatique. Cependant, des mouvements écologiques ont fait savoir que, sans liste garantissant l’exclusion de l’accès aux fonds pour les industries polluantes, l’argent public continuerait de soutenir ces entreprises.

Greenpeace a également souligné, dans un communiqué, que «l’accord réduit également le financement proposé par la Commission européenne pour la santé, la recherche et le Fonds de transition équitable. Les dirigeants n’ont pu s’entendre que sur un seul point : l’accès à la moitié des 17,5 milliards du Fonds de transition équitable dépendra du soutien apporté à l’objectif de neutralité climatique de l’UE pour 2050.» L’association poursuit en affirmant que «l’accord stipule que les fonds doivent suivre le «Green Deal» européen ainsi que les nouveaux objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et 2050. Toutefois, l’objectif climatique proposé pour 2030, qui est de 50 à 55%, n’est pas conforme à l’accord de Paris sur le climat ni aux efforts visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C».

Une première dans le renouvelable

En parlant climat, les Européens ont produit au premier semestre et pour la première fois plus d’électricité d’origine renouvelable que d’électricité issue de combustibles fossiles, note une analyse du centre de réflexion Ember publiée cette semaine. Il s’agit d’une première, souligne l’organisme spécialiste de la transition énergétique, qui se base sur les données des gestionnaires de réseaux électriques nationaux, réunis au sein de l’association européenne Entsoe.

Sur l’ensemble des 27 pays de l’UE, les énergies renouvelables ont généré 40% de l’électricité au premier semestre, et les combustibles fossiles 34%, sous l’effet combiné de la montée du solaire et de l’éolien et du recul de la demande.

Les émissions de CO2 du secteur de l’électricité ont de ce fait reculé de 23%. Les énergies renouvelables ont vu leur production croître de 11% par rapport au premier semestre de 2019 : +11% pour l’éolien, +16% pour le solaire, grâce à la mise en service d’installations nouvelles et des conditions climatiques favorables, ajoute Ember.

Eolien et solaire ont ainsi généré 21% de l’électricité européenne, un niveau inédit (64% au Danemark, 49% en Irlande, 42% en Allemagne). Les barrages hydroélectriques en ont fourni 13% (soit 12% de plus par rapport à la même période l’an dernier).

Quid du nucléaire ?

Le reste (6%) est venu des bioénergies – dont une petite portion de biomasse bois pour remplacer le charbon en centrales. Le charbon dans le même temps a subi une chute de 32%, générant 12% de l’électricité européenne (une proportion deux fois moindre qu’il y a cinq ans).

Selon Ember, le charbon allemand a connu le recul le plus marqué, avec une production à -39%. Pour la première fois, l’Allemagne a produit moins d’électricité issue de centrales à charbon que la Pologne, note l’analyse. Celle-ci produit ainsi désormais autant d’électricité issue du charbon que 25 pays européens réunis (hors Allemagne), a calculé Ember, qui souligne l’importance de la Pologne si l’Europe veut pouvoir atteindre la neutralité carbone.

Un rapport toutefois à nuancer puisque le document ne prend pas en compte l’énergie nucléaire. «C’est très bizarre quand même de laisser l’énergie nucléaire de côté, puisque cela compte pour environ 27% de l’électricité au total. Pour rappel, l’énergie nucléaire est bien évidemment une énergie fossile !», pointe Frank Thinnes.

LQ