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UE : les priorités de la présidence luxembourgeoise


Jean Asselborn est le porte-voix de la présidence luxembourgeoise de l'Union européenne.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a présenté, jeudi, le programme de la présidence qui veut placer le citoyen au cœur du projet européen. Pas si simple… Alors que le triple A social est une idée de la Commission Juncker apparue il y a six mois, personne ne sait ce qu’elle contient. À côté, les négociations sur le TTIP vont bon train et, dans les esprits, il y a comme un air d’incompatibilité.

Le CSV a remis le résultat du référendum sur le tapis pour affirmer que le gouvernement, qui s’apprête à prendre la présidence du Conseil de l’UE, en était sorti affaibli et que cette image pouvait lui nuire alors qu’il prend la tête des travaux européens pour six mois, à compter du 1er juillet prochain. La majorité se chargera de leur faire savoir qu’elle n’apprécie pas l’amalgame. Même si Laurent Mosar, l’orateur du jour pour le principal parti de l’opposition, n’a pas tari d’éloges envers le ministre des Affaires étrangères, qu’il considère comme son meilleur allié pour combattre l’idée d’une limitation des mandats ministériels.

Laurent Mosar aurait pu aborder le sujet du référendum, mais sous un angle très différent. Car au cours des débats, les électeurs luxembourgeois ont bien souvent exprimé leur lassitude face à cette Europe des affaires et ils se sont cramponnés, comme d’autres, à ce qui leur restait encore : leur identité et, dans une moindre mesure, leur souveraineté. Car déjà aujourd’hui, et depuis longtemps, la Chambre des députés ne fait que transposer des directives discutées et décidées à 28, à Bruxelles et Strasbourg.

Ils ont émis leurs craintes d’être dirigés par des multinationales et le TTIP n’est pas fait pour les rassurer. Quand Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères est monté à la tribune, hier, c’était pour présenter le programme de la 12 e présidence luxembourgeoise qui cherchera à regagner la confiance des plus eurosceptiques sous le thème général du «citoyen au cœur du projet européen». Vaste programme.

Jean Asselborn promet qu’une «attention particulière» sera apportée à l’Europe sociale. Une idée qui fait l’unanimité à la Chambre, mais certains sont plus sceptiques que d’autres. Le spécialiste des affaires étrangères et européennes du CSV, Laurent Mosar, en même temps qu’il défend l’idée d’une triple A social, estime « inacceptable », l’attitude d’Athènes qui refuse de poursuivre ou d’entamer certaines réformes que lui dictent ses créanciers, comprendre des coupes claires dans son budget.

Une incompatibilité que lui fera remarquer Claude Adam (déi gréng) en total désaccord avec « ce cynisme qui dit que la Grèce doit raccourcir encore ses retraites alors que la moitié des retraités du pays vit en dessous du seuil de pauvreté ». Même s’il reste persuadé que la Grèce peut encore faire des efforts dans son programme de réformes, il rappelle, dans le contexte du triple A social, que les populations du sud de l’Union sont sous pression.

«La présidence de tout un pays»

À côté de ce constat, il y a la négociation que mène la Commission avec les États-Unis, dans le cadre du TTIP. La veille encore, le Parlement européen n’a pu s’entendre sur cette question qui fait frémir d’angoisse les citoyens. Même si tous s’accordent à dire, dans les rangs de la Chambre des députés, que les standards européens doivent garder leur niveau, ce sont les tribunaux d’arbitrages privés qui provoquent la panique.

Jeudi, Fernand Kartheiser a d’ailleurs déposé une motion pour forcer les parlements nationaux à entériner le TTIP que sa formation rejette, comme d’ailleurs déi Lénk par la voix de Serge Urbany. Le socialiste Marc Angel a suggéré que cette motion soit discutée en commission pour trouver une meilleure formulation, car il se pose un problème d’ordre juridique, les parlements nationaux n’ayant pas voix au chapitre.

Lydie Polfer, pour le DP, rappelle pour sa part que cette présidence est celle « de tout un pays et pas seulement celle du gouvernement ». Elle en profite pour demander la clémence des députés pendant cette période, qui ne devront pas poser trop de questions parlementaires, dans la mesure où les fonctionnaires seront essentiellement dévoués aux travaux préparatoires des réunions que le Luxembourg présidera les 6 prochains mois.

Les députés en tout cas veulent en savoir plus sur le triple A social et Marc Angel (LSAP) verrait bien le ministre Jean Asselborn venir en commission pour savoir ce que ce chapitre contient concrètement. Serge Urbany ne demande pas mieux.

Geneviève Montaigu

Les priorités de la présidence luxembourgeoise de l’UE

› Sauver un maximum de vies et mener une politique d’immigration efficace.

› Libérer l’investissement pour la croissance et l’emploi en Europe.

› Finaliser les accords bilatéraux et multilatéraux tels que le TTIP (partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) et le TISA (accord sur le commerce des services).

› Approfondir la dimension sociale européenne et le triple A social.

› Redynamiser le marché intérieur et inscrire la compétitivité européenne dans un cadre global et transparent.

› Promouvoir le développement durable avec un accent sur les énergies renouvelables en vue du sommet de Paris.

› Protéger les données à caractère personnel ainsi que la cohérence des politiques au service du développement.