L’OGBL dénonce l’augmentation du recours aux contrats précaires dans le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche, prévue dans les nouvelles conventions pluriannuelles.
En janvier dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a signé des conventions pluriannuelles pour la période 2022-2025 avec le Fonds national de recherche (FNR) ainsi qu’avec l’université du Luxembourg et les centres de recherche publics, les trois LI : le LIH (Luxembourg Institute of Health), le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) et le Liser (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research).
Si les dotations pour ces cinq institutions ont été à cette occasion revues à la hausse – 17,6 % de plus par rapport aux conventions portant sur la période 2018-2021, ce qui correspond à une allocation totale de 1,70 milliard d’euros alors qu’un gel de la dotation budgétaire était craint –, la volonté de multiplier le recours aux CDD (contrats à durée déterminée) inquiète le syndicat OGBL, qui a publié vendredi un communiqué appelant à ne pas faire du CDD «la norme».
En effet, d’après ces projections, l’université du Luxembourg pourrait passer d’ici à 2025 à une proportion de 60 % de CDD contre 40 % de contrats à durée indéterminée (CDI), alors qu’en 2021 les proportions étaient respectivement de 55,2 % et 44,8 %.
Une tendance à la hausse également notable au sein des centres de recherche : le LIH passerait ainsi à 35,3 % de CDD en 2025 (contre 32,2 % aujourd’hui) tandis que le Liser franchirait lui la barre des 40 % de CDD (contre 35,6 % aujourd’hui). La convention avec le LIST ne donne pas d’indications concernant les contrats de travail.
Risque de nuire à l’attractivité du secteur
«La situation est déjà assez préoccupante à l’heure actuelle», commente Manon Meiresonne, secrétaire centrale adjointe pour le secteur Enseignement supérieur et recherche de l’OGBL. «Le recours au CDD est déjà une spécificité de ce secteur où ce type de contrat est plus élevé qu’ailleurs dans l’économie luxembourgeoise. Mais en augmentant encore la proportion de CDD, on précarise encore davantage les salariés. Car même si le contrat dure cinq ans, cela ne suffit pas pour se voir accorder des prêts par exemple. C’est la réalité du marché.»
Manon Meiresonne poursuit : «Sans possibilité de progresser vers un CDI, les concernés auront tendance à quitter le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Luxembourg, soit pour aller vers un autre poste à l’étranger, soit vers un autre secteur (en particulier le secteur public) au Luxembourg, car il est généralement plus sécurisant de travailler avec un CDI.»
Pour Manon Meiresonne, cette direction est donc «paradoxale» par rapport à l’objectif affiché du gouvernement d’une évolution du secteur à long terme. «Il s’agit totalement de la mauvaise voie», dénonce même l’OGBL dans son communiqué, pour qui il ne fait aucun doute que les CDD, des «contrats précaires», «nuisent à l’attractivité du secteur».
«Saluant les investissements» du gouvernement dans le domaine de la recherche, l’OGBL met donc «un grand bémol» sur ces conventions récemment signées et invite au contraire le gouvernement à augmenter la proportion de CDI dans le secteur. «Le CDD ne doit pas devenir la norme. Nous mènerons des actions si le ministère ne revoit pas sa copie», prévient la secrétaire centrale adjointe.