Le parti sort de sa réserve et demande des actes concrets au gouvernement qui peut s’inspirer du catalogue de propositions qu’il a rédigé.
Des trémolos dans la voix, Laurent Mosar a évoqué, jeudi matin, le quotidien des habitants et des commerçants du quartier Gare, abandonnés depuis des décennies par les pouvoirs publics malgré une recrudescence de la criminalité et des violences qui y sont liées. Lassé des vaines promesses du gouvernement actuel et du précédent, le groupe parlementaire du Parti chrétien-social dit prendre leurs soucis très au sérieux et invite le gouvernement «à virer ses œillères» et à passer à l’action rapidement.
Le parti politique, lassé des mots qu’il juge un peu trop creux, ne lâchera pas le sujet, selon son président Claude Wiseler. De doubles élections se profilent à l’horizon et la sécurité pourrait devenir un des grands thèmes de campagne du parti d’opposition qui promet de revenir prochainement avec des propositions en matière sociale, de santé et d’immigration pour tenter de régler les problèmes du quartier de la Gare et éviter qu’ils ne se propagent ailleurs dans le pays. Dans l’immédiat et parce que le Luxembourg «entre dans une zone grise en matière d’État de droit», souligne Laurent Mosar, le CSV a élaboré un catalogue de huit mesures concrètes pour tenter d’apaiser la situation dans le quartier de la gare et de rendre à ses habitants la sécurité et la qualité de vie à laquelle ils aspirent et ont droit.
Les actes donnant lieu au sentiment d’insécurité de la population ne se produisant plus uniquement à la nuit tombée, le Parti chrétien-social demande une plus grande présence policière dans les rues les plus «chaudes» du quartier par le biais de patrouilles de police à pied et pourquoi pas à cheval. Parce qu’il n’«y a pas de place pour les idéologies et surtout pas pour l’idéologie verte en matière de sécurité», le député Léon Gloden insiste sur l’importance de la vidéosurveillance malgré les réticences du ministre de la Sécurité intérieure, Henri Kox, en la matière. Idem en ce qui concerne le recours aux caméras embarquées pour les policiers et aux tasers.
Plus de moyens pour la police
Le CSV se dit particulièrement concerné par le sort des forces de l’ordre et plaide en faveur de davantage de moyens pour aider les policiers à mieux mener à bien leurs missions. Il s’agit notamment de les libérer des transports de prisonniers, de revaloriser leurs carrières – notamment les B1 et C1 – et de mieux accompagner psychologiquement les policiers touchés pendant leur service.
Le CSV demande également l’introduction de la mesure légale dite du «Platzverweis», qui correspond, à la prérogative, de pouvoir expulser – ou faire déguerpir – une personne ou un attroupement de personnes, qui troublerait l’ordre public. La mesure vise, avant tout, les rassemblements de mendiants ou de SDF. Enfin, pour montrer qu’ils ne se contentent pas que de critiquer, mais peuvent aussi avoir une attitude constructive, les députés et édiles Laurent Mosar et Gilles Roth ont rédigé une proposition de loi visant à modifier un article de la loi sur la protection de la jeunesse. Il s’agit de permettre, dans certains cas, en cours d’instruction par exemple, de prolonger la détention de jeunes délinquants mineurs à leur majorité plutôt que – comme à l’heure actuelle – devoir les relâcher dans la nature à leur majorité, comme cela a récemment été le cas avec l’un des jeunes auteurs du meurtre d’un jeune homme à Bonnevoie en janvier dernier.
On prend les mêmes et on continue
Interrogé sur le recours de la Ville de Luxembourg aux agents de sécurité privés, Laurent Mosar a revêtu sa casquette d’échevin et répondu que si la police faisait bien son travail, la Ville n’aurait pas besoin de faire appel à eux. «Rien ne se passait, nous n’avons pas eu le choix. Entre rien et cela, les habitants préfèrent cela», a indiqué Laurent Mosar. Il a indiqué que la Ville pourrait envisager de changer son fusil d’épaule si elle obtenait certaines garanties d’Henri Kox. «Pour le moment, arrêter de travailler avec l’entreprise ne serait pas une option envisagée.»
Sophie Kieffer