La radio 100.7 avait organisé, samedi, une table ronde sur la troisième question du référendum. Celle-ci concerne la limitation du mandat des ministres à dix années maximum consécutives.
La proposition de loi prévoit de limiter les mandats à dix ans, suivis d’une pause de cinq ans. Il s’agit de la durée d’une période de législature.
De toutes les questions au menu du référendum consultatif du 7 juin, la question n° 3 est la plus populaire. En effet, contrairement aux deux autres – portant respectivement sur le droit de vote à partir de 16 ans et le droit de vote des étrangers – qui concernent directement le corps électoral, la question n° 3 caresse beaucoup dans le sens du poil. En effet, 54 % se sont prononcés en faveur d’une limitation des mandats ministériels, 37 % contre. 9 % sont indécis.
Une majorité de Luxembourgeois s’accordent donc à dire qu’un règne comme celui, trentenaire, de Jean-Claude Juncker (car c’est à lui que tout le monde pense), ne doit pas se reproduire. Pourquoi? Peut-être parce que pour les progressifs, cette ère est synonyme de stagnation et que, pour les conservateurs, elle est liée aux négligences qui ont ouvert seulement le chemin aux élections anticipées de 2013.
Une spécificité luxembourgeoise
Comme l’a expliqué le député vert Claude Adam au micro de la radio 100.7 samedi dernier, la proposition de loi en question prévoit de limiter les mandats à dix ans, suivis d’une pause de cinq ans, donc de la durée d’une période de législature. Un principe salué par Serge Urbany dedéi Lénk, qui y voit une conséquence directe de la «profonde crise morale et politique» dans laquelle la chute du gouvernement précédent, accablé par les scandales, avait plongé le pays.
Pour les pirates, représentés par Marc Goergen, la question de la durée des mandats ministériels n’a pas vraiment lieu d’être, puisque ce sont les électeurs qui décident. En revanche, pour Claude Adam, c’est notre système électoral, la pratique du panachage, qui rendrait seulement possible la longévité des ministres luxembourgeois (Werner, Santer, Juncker). Généralement, les gens voteraient pour une tête de liste connue. D’où la fréquence de représentants communaux à la Chambre des députés. Limiter les mandats serait donc une idée typiquement luxembourgeoise.
Politique et déontologie
Pour Marc Fischbach (CSV), la question en soi est «intéressante», mais il trouve sa «formulation» maladroite. Pour l’ancien Ombudsman, c’est avant tout l’expérience qui compte en politique. Il aurait préféré qu’on discute d’une limitation globale de la durée de service des ministres, «à vingt ans, par exemple».
Plus que du renouvellement du paysage politique que garantirait une limitation des mandats ministériels à dix ans, c’est de la déontologie des parlementaires qu’il est question. Ainsi Serge Urbany a-t-il pointé du doigt la présence d’avocats d’affaires à la Chambre des députés et la reconversion problématique de l’ancien ministre des Finances Luc Frieden dans le milieu de la banque. Le code de déontologie développé, depuis, par un comité dont fait partie Marc Fischbach, prévoit bien une période de carence de deux ans pour tous les anciens ministres, mais pas de sanction en cas d’infraction. Or il ne faudrait pas oublier que «la politique n’est pas si attrayante que ça», a estimé Claude Adam.
Frédéric Braun