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Tripartite : «Il est trop tard pour des rafistolages», martèle Caritas


Marie-Josée Jacobs, la présidente de Caritas Luxembourg.  (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

L’accord tripartite est qualifié d’«occasion ratée» par l’ONG. Caritas estime que les mesures prises «n’amélioreront certainement pas de manière sensible la situation des personnes les plus démunies».

Des acteurs de la société civile tels que l’ULC et le Mouvement écologique («Un échec complet pour le climat») ne se disent que moyennement convaincus par le paquet anti-inflation ficelé par la tripartite, pourtant qualifié d’«historique» par le Premier ministre, Xavier Bettel. L’enveloppe de 1,1 milliard d’euros suivrait, «comme trop souvent, le principe de l’arrosoir», renchérit Caritas dans un communiqué diffusé hier. 

L’ONG estime que «les mesures annoncées vont probablement calmer la situation dans un premier temps. Par contre, elles n’amélioreront certainement pas de manière sensible la situation des personnes les plus démunies de notre société». L’accord constituerait ainsi une «occasion ratée» de «passer de manière résolue des mesures à grande échelle à des mesures d’aide ciblées et socialement échelonnées». «Si nous voulons éviter une crise sociale, nous avons besoin d’une aide à court terme qui parvienne rapidement, sans obstacles administratifs, à ceux qui en ont le plus besoin, échelonnée en fonction des besoins et sans devoir faire de demande», poursuit Caritas. 

Une lutte à plus long terme contre la pauvreté

Le même communiqué rappelle des chiffres accablants : «Il ne faut pas oublier que déjà avant la pandémie et la guerre en Ukraine, lorsque les prix de l’énergie étaient très bas chez nous par rapport à la moyenne européenne, près de 23 000 personnes (3,6 % de la population) n’étaient pas en mesure de chauffer leur logement de manière adéquate au Luxembourg».

Le plafonnement non sélectif des prix de l’énergie ne serait pas suffisant. Caritas plaide pour une lutte à plus long terme contre la pauvreté énergétique, notamment par des incitations à la rénovation énergétique. Ces incitations financières et réglementaires doivent surtout viser les propriétaires d’immeubles. Car il serait «important de garder à l’esprit que les plus pauvres dans notre société sont plutôt des locataires que des propriétaires. Or ce sont les logements loués qui sont les moins performants en matière d’énergie.» «La lutte contre la pauvreté énergétique est cruciale pour la justice sociale», souligne encore Caritas.

Après l’économie, le sauvetage des personnes

Une autre revendication concerne le relèvement des plafonds pour être éligible à des aides sociales, davantage échelonnées. «Le plafond est rapidement atteint lorsqu’on travaille à temps plein et que l’on a un salaire légèrement supérieur au salaire minimum. De nombreux parents isolés et jeunes adultes se retrouvent alors dans la situation où ils gagnent quelques euros de trop pour avoir droit à des aides telles que l’allocation de vie chère ou la prime énergie», développe le communiqué.

Sachant que la réduction de la TVA ne va pas concerner les produits alimentaires, Caritas «s’attend à ce que la flambée des prix des produits alimentaires ait des effets désastreux – dès cet automne – sur les familles qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts et à se nourrir correctement. Il faudra certainement des mesures supplémentaires pour aider les familles dans le besoin.»

La conclusion prend la forme d’une rétrospective : «Pendant la crise bancaire, les banques ont été sauvées. Pendant la crise Covid, les entreprises ont été sauvées. Il faut maintenant sauver les personnes qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts et celles qui risquent de tomber dans la pauvreté! Il est trop tard pour des rafistolages!»