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Traitement de choc pour Hëllef Doheem


La fondation Hëllef Doheem a annoncé vendredi un plan social touchant au minimum 90 collaborateurs. (Photo François Aussems)

Coup de tonnerre dans le secteur de l’aide et des soins : le plus grand prestataire du pays a annoncé un plan social. Les syndicats n’ont pas apprécié la soudaineté de la nouvelle.

La fondation Hëllef Doheem a annoncé au cours d’une conférence de presse, vendredi, un plan social touchant au minimum 90 collaborateurs. Créée en 1999, la fondation Hëllef Doheem, le plus grand réseau d’aide et de soins à domicile du Grand-Duché, compte un peu moins de 2 000 employés qui côtoient tous les jours près de 19 000 patients à travers le pays.

Déficit de trois millions d’euros

Hëllef Doheem a connu une année 2014 difficile, dans un secteur de plus en plus concurrentiel. En début d’année, des changements stratégiques ont eu lieu, avec notamment l’entrée en fonction de Benoît Holzem au poste de directeur général, déjà présent au sein du conseil d’administration et qui a fait sa carrière dans le secteur financier.

Ce plan social est le résultat de nombreux facteurs d’après la direction de Hëllef Doheem. Elle fait état d’un déficit à hauteur de 3,2 millions d’euros sur l’année 2014, avance une anticipation de la perte de recettes liée au cadre plus restrictif de la réforme de l’assurance dépendance et du gel des tarifs et met en avant la mise en place, ces dernières années, d’un réseau selon lui performant de services et d’infrastructures.

La situation financière de la fondation n’est pas pour autant en danger, puisqu’elle dispose d’une réserve de 12 millions d’euros. Ce plan social s’inscrit davantage dans une stratégie à long terme afin de ne pas aggraver la situation. «Sans des moyens budgétaires adéquats de la part de l’État, il ne sera plus possible de financer les frais afférents à long terme» , déclare Benoît Holzem.

À l’OGBL, joint par nos soins, le syndicat se dit «scandalisé» par l’annonce de Hëllef Doheem. L’OGBL et le LCGB n’ont été prévenus que vendredi matin, en même temps que la délégation du personnel et la presse.

«Nous demandons depuis des mois une discussion avec la direction qui est restée muette à nos demandes», expliqué Carole Steinbach, secrétaire centrale de l’OGBL, avant d’ajouter : «Nous ne sommes pas du tout d’accord avec les raisons motivant ce plan social avancées par la direction. Pour nous, c’est uniquement dû à une très mauvaise gestion interne, rien de plus ! Pour le moment, notre ligne de conduite est le refus catégorique de négocier.»

D’après l’OGBL, la direction de Hëllef Doheem envisage uniquement des licenciements. Les syndicats et la direction de la fondation doivent se rencontrer mardi pour entamer des négociations. Même son de cloche du côté du LCGB, qui se dit «pris de court» .

Christophe Knebeler, secrétaire général adjoint du LCGB, se montre plus modéré : «Notre position n’est pas encore définie, c’est arrivé soudainement. Ce n’est pas faute d’avoir mis en avant, depuis quelques mois maintenant, les changements que la réforme va engendrer. Mais pour l’instant, ni le ministre [Romain Schneider, le ministre de la Sécurité sociale] ni la direction de Hëllef Doheem n’ont répondu à nos inquiétudes.»

Le plan social de Hëlleff Doheem devrait être effectif à partir de mardi et prévoit les fermetures des centres psycho-gériatriques (CPG) de Wiltz et d’Echternach, la fermeture des autres CPG les dimanches, l’externalisation du nettoyage des locaux de la fondation, une réduction des postes au sein de l’administration centrale et du personnel des activités spécialisées, ainsi que les fermetures des dispensaires de Dudelange et de Bascharage.

Le ministre Romain Schneider, en vacances jusque dimanche, n’a pour l’instant pas fait de commentaire sur la situation.

Jeremy Zabatta