La saga va prendre fin sous peu. D’ici la mi-octobre, Airbus Defence va blinder le cockpit du premier avion de transport militaire luxembourgeois. Il s’agira de l’ultime étape avant sa livraison définitive.
Le 10 août, l’armée luxembourgeoise a officiellement pris possession de son A400M, commandé en… 2004. Ce sont nos confrères de l’agence de presse Belga qui avaient révélé l’information. La dépêche précisait que «l’avion reste, comme planifié, à Séville (NDLR : siège d’Airbus Defence, constructeur de l’appareil) jusqu’à mi-octobre pour l’installation d’équipements spécifiques commandés par la Belgique et le Luxembourg».
Interrogé par nos soins, le ministre de la Défense, François Bausch, confirme le planning établi : «Les derniers travaux sont en cours de finalisation. Le cockpit de l’A400M doit notamment encore être blindé. Mais l’avion est déjà opérationnel.» La livraison définitive du tout premier avion de transport militaire du Luxembourg devrait donc intervenir avant la fin de l’année. «Il n’est pas encore décidé s’il sera accueilli au Findel ou à Melsbroek. Avec la pandémie, il n’est pas évident de planifier une telle cérémonie», note François Bausch. Il s’agit en fin de compte d’un détail dans une véritable saga. Elle doit s’achever en janvier 2021 lorsque l’A400 prendra son service au sein de l’unité belgo-luxembourgeoise stationnée à la base militaire de Melsbroek, non loin de Bruxelles.
À terme, huit avions de type A400M seront stationnés en Belgique, dont sept sous le drapeau de l’armée de l’air belge et un autre aux couleurs de la nouvelle composante aérienne de l’armée luxembourgeoise. Il porte déjà le sigle «Luxembourg Armed Forces». Un lion rouge sera encore ajouté. L’A400M grand-ducal sera le premier à être livré, suivi sous peu par le premier appareil belge. Le 3 août, le vol inaugural du second appareil de la flotte binationale a pu être effectué à Séville.
L’horizon s’est dégagé courant 2020
Après de nombreux retards liés à l’accumulation de problèmes techniques et de développement, l’horizon s’est donc enfin dégagé ces derniers mois. En février de cette année, les premiers essais moteurs de l’A400M luxembourgeois, immatriculé MSN104, ont pu être effectués. Son premier vol a eu lieu le 15 avril dernier. L’appareil a décollé à 16 h 08 en ce lundi de Pâques avant de revenir sur le tarmac de Séville cinq heures plus tard.
Les missions qu’aura à assumer l’avion de transport ne seront pas uniquement d’ordre militaire. Le ministre de la Défense met toujours en avant le volet humanitaire. «Imaginons que l’on soit obligé de rapidement évacuer des membres de la Coopération luxembourgeoise au Mali. Le Luxembourg compte quelque 80 personnes travaillant dans cette région. Ils sont encore plus nombreux dans la zone du Sahel. On ne pourra pas s’y rendre avec un avion civil», avance François Bausch. «Il s’agit de zones de conflits. Les pilotes doivent avoir une formation militaire. Ce n’est pas pour rien que le cockpit de l’A400M sera sécurisé contre l’impact de balles», reprend le ministre. Officiellement, les avions basés à Melsbroek vont pouvoir être engagés pour appuyer des opérations militaires, des missions de gestion de crise et d’aide humanitaire.
L’appareil grand-ducal, tout comme les trois équipages fournis par l’armée (six pilotes et six soutiers), seront pleinement intégrés à l’unité belgo-luxembourgeoise. «Les contrats conclus avec la Belgique nous assurent la mise à disposition à court terme d’un des A400M de l’unité. Ce sera de préférence celui aux couleurs du Luxembourg, mais ce n’est pas une obligation», détaille François Bausch.
L’acquisition de l’A400M est chiffrée à 168,5 millions d’euros. S’y ajoutent les frais d’exploitation de 420 millions d’euros, étalés sur 35 ans.
David Marques