Un conseil informel des ministres de la Santé de l’UE s’est tenu jeudi. La ministre luxembourgeoise Paulette Lenert a défendu la stratégie du Grand-Duché qui consiste à tester massivement pour casser un maximum de chaînes de transmission. Mais qui ferait gonfler les statistiques et entraînerait les classements en « zone à risque » du Luxembourg, vécus comme injustes.
Le Luxembourg, bon élève de la lutte contre le coronavirus jusqu’ici, porte-t-il injustement un bonnet d’âne ? Ou y’a t-il un vrai problème de deuxième vague qu’il faut regarder avec plus de lucidité ? Le débat va crescendo, depuis que les chiffres des contaminations enflent de jour en jour. Le Luxembourg, qui estime être victime d’une course au moins-disant des statistiques des contaminations au virus des autres pays, rappelle clairement sa position via Paulette Lenert : le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) devrait «inclure dans ses statistiques le ratio de tests effectués par rapport à la population ainsi que le taux de positivité». Le Luxembourg, dont le Premier ministre Xavier Bettel estime qu’il teste « 20 fois plus que la France, 20 fois plus que la Belgique, plus de 10 fois plus que l’Allemagne », aurait donc plus de contaminations recensés, car il teste plus massivement.
Pourtant, c’est la même ministre qui mettait en garde il y a quelques semaines déjà, en affirmant que les tests massifs ne sont responsables que de 15% des nouvelles contaminations, et qu’il fallait mettre fin aux grands rassemblements dans le cadre de cercles privés.
La volonté d’une taskforce européenne
Quoi qu’il en soit, jeudi, la ministre luxembourgeoise a plaidé en faveur d’un plan au niveau européen ainsi que de la création d’une taskforce composée d’experts en épidémiologie et en santé publique au sein de l’ECDC. «Le mandat de ce Centre doit être renforcé afin de permettre une collecte de données standardisée et de haute qualité, essentielle à une prise de décision informée», a insisté Paulette Lenert.
Il est certain que les approches divergentes n’aident pas à y voir plus clair. Par ailleurs, le Luxembourg, comme dans de nombreux autres domaines, présente parfois des statistiques déformées, du fait de la présence des frontaliers. Sur les 5 285 infections confirmées à ce jour, 928 personnes sont ainsi frontalières.
H.G. et AFP