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Téléphone fixe : le Luxembourg pas encore près de raccrocher


C'est la technologie qui change : les lignes fixes IP remplacent progressivement les lignes classiques. (illustration AFP)

Généralement vu comme un objet devant disparaître dans un avenir proche, le téléphone fixe fait de la résistance dans les foyers.

Au fil des années, le téléphone fixe est devenu un objet de décoration, voire une icône vintage. Aujourd’hui, il ressemble davantage à la télécommande de la télévision qu’au téléphone à cadran de nos parents. Avec l’évolution technologique, le «fixe» pourrait même disparaître… ou presque.

D’ailleurs, certains pays comme la France vont, dès le mois prochain, purement et simplement arrêter l’installation de nouvelles lignes téléphoniques fixes, dites classiques. Joëlle Elvinger et André Bauler (DP) ont donc demandé, par le biais d’une question parlementaire, ce qu’il en était pour le Luxembourg.

Selon le ministre de l’Économie, Étienne Schneider, Post a prévu l’arrêt des lignes téléphoniques fixes classiques d’ici à 2024. Est-ce pour autant la fin du téléphone fixe dans les domiciles ? Pas vraiment.

Car lorsque les opérateurs téléphoniques parlent de la fin de la téléphonie fixe classique, ils ne parlent pas de l’objet en lui-même, mais bien de la technologie utilisée. Ainsi, les lignes classiques, c’est-à-dire des lignes utilisant de l’analogique (PSTN, ISDN) ou une infrastructure de téléphonie classique commutée (RTC), vont progressivement disparaître pour laisser la place à la technologie IP ou VoIP (Voice over IP), une technique de communication par la voix par le support de l’internet.

Pour faire simple, au lieu d’avoir un téléphone utilisant un réseau câblé dédié à la téléphonie, notre téléphone fixe utilisera internet. C’est d’ailleurs déjà le cas dans la moitié des ménages, depuis la fin de l’année 2017, car le téléphone est compris dans l’abonnement couplant internet, la télévision et le téléphone, lequel passe par la «box» fournie par l’opérateur.

Baisse des volumes de communication

Une tendance qui se généralise, puisque, depuis décembre dernier, l’ILR a constaté pour la première fois plus de lignes de téléphonie fixe IP, donc utilisant internet, que de lignes de téléphonie classique. Une tendance qui a pris de l’ampleur assez rapidement, puisque, en 2015, la téléphonie IP représentait 28,31 % de l’ensemble des lignes téléphoniques du pays, contre 50 % fin 2017.

Au niveau des opérateurs, Post est en train d’encourager activement le passage vers la technologie IP. Idem du côté de Tango qui ne commercialise plus de lignes fixes «traditionnelles» au profit de lignes fixes sur IP, «plus qualitatives et pouvant offrir plus de services», souligne l’opérateur avant d’ajouter : «Nous allons migrer tous nos clients restant vers un service de VoIP afin de leur faire bénéficier d’une meilleure qualité et de services additionnels. Cette migration sera faite d’ici à 2019.»

En épluchant le dernier rapport de l’ILR sur la téléphonie au Luxembourg, on peut constater une baisse du volume de la téléphonie, quelle que soit la technologie, sur les réseaux fixes. En 2017, le volume de communications fixes a baissé de 10,7 % pour atteindre 602 millions de minutes, contre 1 175,2 millions de minutes sortant des réseaux mobiles, soit une hausse de 2,6 %. Des chiffres qui s’expliquent par la montée en puissance du mobile et du service en ligne «Over the top» (OTT), ou plus simplement de l’émergence de la technologie faisant fonctionner les applications comme Skype ou WhatsApp.

Quoi qu’il en soit, si sa technologie et son utilisation vont indéniablement changer, le téléphone fixe, qu’il soit classique ou par internet, restera encore de longues années un objet, vintage ou non, faisant partie du mobilier intérieur. D’ailleurs, le nombre de raccordements téléphoniques fixes est resté stable, avec une légère hausse, depuis 2015, passant de 273 410 lignes dans le pays contre 275 300 lignes actuellement.

Jeremy Zabatta