Une large majorité des députés ont accordé, mercredi, leur feu vert à la réforme des taxis. Un doute sur la baisse envisagée des prix pour les courses persiste cependant.
Malgré leur large soutien accordé à la réforme au moment du vote, les députés de tous bords n’ont pas tout à fait partagé l’optimisme affiché par le ministre de tutelle, François Bausch. «Au minimum, on assistera à une stabilisation, voire même une baisse des prix. On peut toujours avoir de l’espoir», a platement commenté le rapporteur Henri Kox (déi gréng).
Avec un prix moyen de 20,47 euros pour une course de 5 km, Luxembourg figure à la troisième place des villes européennes les plus onéreuses pour se déplacer en taxi. «Il faut sortir de ce cercle vicieux», a clamé hier le député libéral Max Hahn. «Il s’agit d’un secteur compliqué où il existe une forte rivalité et qui ne dispose pas de la meilleure réputation», a souligné de son côté Serge Wilmes (CSV).
Les conditions de base pour réformer le secteur restent donc peu évidentes. Le long travail législatif en témoigne. «Les discussions ont débuté dès 2004», rappelle Henri Kox, rapporteur du projet de loi qui est finalement venu finaliser hier cet exercice périlleux. Avec le texte adopté hier par 51 députés sur 60 (l’ADR a voté non et déi Lénk s’est abstenue), la porte est ouverte à une libéralisation partielle. «Il s’agit d’une journée importante pour le secteur», a d’emblée lancé Henri Kox. Le nouveau texte va amener toute une série de nouveautés visant à augmenter la rentabilité des exploitants de taxis et rendant l’offre plus transparente et donc plus attractive pour les clients.
La principale nouveauté est la libéralisation des tarifs. «Les prix devront être affichés en toute transparence. Avec la redéfinition des zones, les courses à vide devraient aussi diminuer. Pour ce qui est de la tarification, on devrait assister au minimum à une stabilisation, voire même une baisse des prix. On peut toujours avoir de l’espoir», commente Henri Kox.
«Si le secteur ne s’adapte pas…»
Les zones réservées aux taxis vont passer de 44 à six zones régionales. Ce ne seront plus les communes mais bien le ministère du Développement durable qui va attribuer les licences, limitées à 250. Actuellement, le pays compte quelque 230 taxis. Une voie est ouverte aux taxis plus écologiques. «Les exploitants devront remplir certaines conditions. Leurs licences ne sont pas transférables. Les contrôles seront améliorés et renforcés», a encore précisé le rapporteur. Avec l’abolition du principe de la «tête de file», les taxis qui sortent de leur zone de base pourront reprendre des clients, à condition toutefois d’être commandés au préalable ou arrêtés en bord de route. Les zones d’attente pour les taxis resteront eux réservés aux taxis de la zone en question. «Il ne s’agit pas d’une véritable libéralisation, qui aurait eu plus d’effets positifs. Là, on risque de voir les prix encore plus augmenter», met en garde Roy Reding (ADR).
Le ministre du Développement durable, François Bausch, a tenu à contrer ces critiques. «Avec l’agrandissement de leur zone d’activité, les taxis pourront développer de nouvelles structures de tarification pour augmenter leur rentabilité», a souligné le ministre. L’Irlande, qui avait libéralisé complètement le secteur, aurait été contrainte de faire marche arrière, a ajouté François Bausch, qui n’a pas oublié de lancer un appel au secteur. Dans ce contexte, la concurrence des voitures de location avec chauffeur ne serait pas à sous-estimer. «À condition, toutefois, de régler les questions liées à la fiscalité et la sécurité sociale», précise le ministre. «Il s’agit d’un texte de transition. Si le secteur ne s’adapte pas, il risque de se faire écraser», conclut François Bausch.
En attendant, une période de transition de six mois est mise en place. Dans deux ans, un premier bilan à grande échelle sera tiré.
David Marques