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SuperDrecksKëscht : recyclage sur tous les rayonnages


Chaque année, 3 200 tonnes de déchets sont collectées à travers le pays. (Tania Feller)

C’est le grand centre de tri des produits dits à problèmes. La SuperDrecksKëscht de Colmar-Berg offre une seconde vie à nos déchets. Huile de friture ou bombe aérosol, on cherche toujours le potentiel des ressources.

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il advenait du petit seau jaune que vous avez déposé dans la collecte mobile de la SuperDrecksKëscht (SDK) qui se trouve dans le parc de recyclage près de chez vous ? Vous savez, le petit seau qui contient votre huile de friture. Eh bien, nous l’avons retrouvé à Colmar-Berg, dans le grand centre de recyclage des produits dits à problèmes que prend en charge la SDK.

Et à quoi sert-elle cette huile ? «À chauffer par exemple toute notre installation ici. Nous la recyclons aussi pour en faire du biodiesel, qui est le carburant que nous utilisons pour nos camions et les voitures diesel qui nous restent encore», informe le directeur du site, Klaus Schu, assez fier de l’opération. Jeudi, il avait invité la presse à une visite entre les rayonnages où sont stockés tous les produits collectés à travers le pays. Un hall de 5 500 m² planté au milieu des deux hectares du site.

Ici, on trie et on recycle. Les 85 salariés de l’entreprise étatique font tourner l’économie circulaire et lui donnent une visibilité. «On regarde les ressources potentielles qui se trouvent dans les déchets, comme les matières premières ou les ressources énergétiques», explique le directeur. D’ailleurs, on a aussi retrouvé les bombes aérosols qui font partie des déchets que l’on vient déposer dans les centres de recyclage. Et on en fait quoi ? «70% sont utilisées comme matière première ou secondaire et une partie comme énergie parce qu’elles contiennent encore du liquide.» Les mousses de polyuréthane sont par exemple réutilisées pour faire des colles.

On continue la visite en longeant les rayonnages où sont entreposées les cuves de rétention complètement étanches. «Elles sont équipées de détecteurs de fuite et, en cas de problème, je reçois aussitôt une alarme sur mon smartphone. Et comme les rayons sont marqués, nous savons exactement quel type de produit y est stocké», explique Klaus Schu.

Cierge ou explosif ?

Et si on ne sait pas ce que contient un vieux fût trouvé au fond d’une grange ? «On se déplace pour prélever un échantillon que l’on fait analyser par notre laboratoire parce qu’on ne fait aucun transport sans connaître la nature du produit», déclare-t-il. Si cela n’arrive pas tous les jours, ce genre de situation revient quand même régulièrement. C’est le cas par exemple des anciennes entreprises qui avaient de la place pour stocker et qui retrouvent de vieux fûts sans étiquette.

Les personnels qui s’occupent de la collecte ont également reçu une formation par le service de déminage de l’armée, car on ne sait jamais. «On croit tenir un cierge et c’est en réalité un explosif, et il faut le voir parce que vous faites plus attention après ce petit cours», poursuit le guide du jour.

Pour rester dans les bougies, leurs restes se collectent aussi. «Nous travaillons avec la Käerzefabrik (fabrique de bougies) à qui nous envoyons les restes et ils font du neuf avec.» Idem pour les vinyles : ils sont recyclés, car c’est redevenu à la mode. Les DVD et CD sont recyclés aussi mais, évidemment, on ne refait plus du neuf avec les 70 tonnes de vieilles cassettes VHS qui arrivent encore aujourd’hui sur le site.

Actuellement, la SDK travaille sur un projet avec les peintures Robin pour utiliser les vieilles laques afin d’en faire des neuves. «On a fait deux essais et si ça fonctionne, on pourra réutiliser de 50 à 100 tonnes par an», se réjouit déjà le directeur.

Ici, les déchets toxiques sont stockés jusqu’à leur départ chez le destinataire final qui les incinère. Il est situé à Anvers et, malheureusement, le transport se fait par route. «Par le passé, on utilisait les chemins de fer, mais ce service a été arrêté. J’ai reçu des offres pour aller aux Pays-Bas, mais le rail restait deux fois plus cher que la route. Ça n’est un moyen économique que sur de grandes distances et avec de grandes quantités», explique Klaus Schu.

La SDK en quelques chiffres

La SuperDrecksKëscht occupe un site de 2,2 hectares où convergent plus de 3 200 tonnes de déchets collectées à travers le pays. On y a comptabilisé en 2018 plus de 1 000 tonnes de peintures et de laques, 410 tonnes de graisse et d’huile, 172 tonnes de médicaments, 130 tonnes de supports de données (DVD, CD), 121 tonnes de batteries, 88 tonnes de piles et 77 tonnes d’aérosols.

Geneviève Montaigu