Le suicide est un problème pris au sérieux au Luxembourg et fait l’objet d’un plan national de prévention depuis 2015. Les tentatives sont encore plus inquiétantes, selon la ministre de la Santé, qui a présenté jeudi deux actions en direction des familles concernées et des établissements scolaires.
Le Luxembourg connaît 80 cas par an, d’après les chiffres officiels. « L’ampleur du problème est encore plus importante lorsque l’on sait que le taux de tentatives de suicide est de 10 à 20 fois plus élevé que celui des suicides accomplis », a expliqué Lydia Mutsch.
Bien que ce type de décès est lié à un ensemble « d’interactions complexes entre différents facteurs de risque et de protection », selon la ministre, « tout suicide est évitable et les moyens de réduire de manière significative les décès existent ».
C’est tout l’objet du plan quinquennal (PNPSL) adopté en 2015 et qui englobe 33 actions prioritaires, élaborées avec les acteurs de terrain et approuvées par le Groupe interministériel prévention suicide. Deux de ces actions ont été détaillées jeudi et concernent précisément le suicide chez les jeunes.
En premier lieu, dans le milieu scolaire. D’où le «guide pratique de postvention à l’attention des établissements scolaires et des internats» qui vient d’être édité. Destiné aux directeurs d’établissements, ce manuel a pour but d’assister ces derniers dans la prise en charge de la communauté scolaire en cas de décès inopiné ou de suicide. Il présente notamment un certain nombre de recommandations visant à gérer au mieux le traumatisme lié à de tels événements.
Le choix des mots
«Le suicide est par définition un acte difficile à comprendre, et d’autant plus troublant lorsqu’il touche un jeune à qui la vie a tout à offrir. Les suicides ne sont pas seulement des problèmes individuels, mais un thème relevant de la santé publique et leur prévention représente un enjeu pour la société entière», a insisté Lydia Mutsch.
Pour la société entière, mais encore plus pour la cellule familiale. Un second guide, sous forme de « code pratique », explique comment annoncer la mort d’un enfant, d’un membre de la famille ou d’un proche après un suicide.
Un tel drame produit des effets sur la famille et les amis « immédiats et traumatisants ». Et durant le deuil, les proches risquent plus souvent une dégradation de leur santé mentale. Une prise en charge rapide et adaptée de ces familles est donc nécessaire, soutient la ministre. Cela commence par le choix des mots au moment de l’annonce, qui sont d’une importance capitale. «L’impact ne doit pas être sous-estimé. Les expériences venues d’ailleurs démontrent qu’une prise en charge réfléchie, pratique et structurée peut considérablement diminuer le risque de voir se développer des conséquences négatives liées au suicide», a souligné Lydia Mutsch.
Pour compléter ce guide, un dépliant intitulé «Après un suicide» est également disponible regroupant toutes les informations ainsi que les contacts utiles.
Les différents documents sont téléchargeables sur le portail www.sante.lu
Plus de 600 personnes formées à l’intervention
La ministre s’est par ailleurs félicitée du « bon avancement » de la mise en œuvre des 33 actions du PNPSL et de « l’excellente collaboration interministérielle ». Outre les deux présentées jeudi, 14 autres ont déjà pu être mises en place ou sont en cours d’élaboration.
En particulier la formation à l’intervention en cas de crise suicidaire auprès de professionnels de la santé, du secteur social et dans le monde du travail. « En effet, cette formation connaît un réel succès avec, à l’heure actuelle, plus de 600 personnes formées entre 2014 et 2017, alors que l’objectif fixé visait la formation de 500 personnes jusqu’en 2019 », argue Lydia Mutsch.