Chaque jeudi durant l’été, Le Quotidien vous propose une série sur les vacances d’enfance de personnalités. Rencontre avec Mars Di Bartolomeo, le président de la Chambre des députés.
Mars Di Bartolomeo, enfant unique et gâté, n’oubliera pas les petits bonheurs qui ont fait ses vacances d’été dans son quartier du Wolkeschdahl à Dudelange, avant de découvrir le monde «à petits pas», comme il le raconte.
Il faut s’imaginer le petit Mars pousser la brouette. « C’était les vacances ou le toit! », dit-il sans se lamenter. Comment le pourrait-il? «J’étais enfant unique, chouchouté, gâté et je n’avais aucune contrainte» , confie-t-il.
Quand son père commence la construction de la maison familiale en 1954, Mars Di Bartolomeo, petit blondinet, a 2 ans. Il insiste pour aider, obtient tout de go une minibrouette pour y transporter trois cailloux, deux bâtons. « J’avais l’impression d’apporter ma pierre à l’édifice, mais c’était tout le contraire! », raconte-t-il. Il pensait surtout à s’amuser, forcément, à cet âge-là.
Avant de connaître ses premières grandes vacances à l’étranger vers l’âge de 8 ans, Mars Di Bartolomeo goûtera chaque moment de vie que lui offre le Wolkeschdahl, son quartier ouvrier de Dudelange où il a grandi. Autant d’instantanés de bonheur avec ses petits camarades « qui partageaient tous le même background », précise le président de la Chambre des députés.
Capsules et roulements à billes
« Nous prenions possession de l’espace public. Nous ne connaissions pas les aires de jeux aménagées comme aujourd’hui, mais nous faisions de tout une plaine de jeux et de tout un jouet », se souvient-il. Les bois, les champs, les rues comme décor. « Le Wolkeschdahl de ces années-là était un quartier « coproduit » par la commune et l’employeur ARBED. Ce qu’il y avait de bien, c’était l’unité urbanistique, un concept très cohérent », décrit Mars Di Bartolomeo.
« On jouait à la raquette, ce qu’on appelle aujourd’hui badminton, et, surtout, on s’amusait beaucoup avec les roulements à billes que nos pères nous ramenaient de l’usine. Ils nous servaient pour toutes sortes de jeux », explique-t-il. Il n’y avait pas que cela. Le vélo a très vite fait partie de la vie du petit Mars. « J’ai eu mon premier vélo à ma première communion. Je m’étais déjà entraîné comme tout le reste de notre clique de copains sur une petite bicyclette qui appartenait à un voisin », raconte le président.
Pendant le Tour de France, les gamins du quartier répliquaient la course dans la rue. « Nos coureurs étaient de simples capsules de bouteilles que nous personnifions et nous tracions des circuits sur le sol. Nous les faisions avancer en les claquant avec le pouce. Autant de jeux que nous inventions avec n’importe quoi et que je n’ai pas retrouvés chez nos enfants. Le roulement à billes, les capsules, c’est lointain! »
Contrairement à de nombreux camarades du quartier, Mars Di Bartolomeo n’allait pas rendre visite à des grands-parents restés en Italie. « C’est mon seul regret! Les miens habitaient, pour les uns, avec nous sous le même toit et, pour les autres, étaient installés à 500 mètres de là », raconte-t-il. Ses parents étaient tous deux nés au Luxembourg et son père ne parlait déjà pratiquement plus l’italien.
À Rimini avec les amis
Néanmoins, le jeune Mars découvrira les joies des vacances à la mer à Cattolica, près de Rimini. « Nous partions avec des familles du quartier, des amis, c’était la joie. J’enterrais mes parents dans le sable jusqu’à la tête, je trouvais ça très drôle. » Plus tard, Mars Di Bartolomeo participera aux colonies de vacances organisées par le Foyer de la femme. « C’était les vacances avec les copains, je les préférais à celles avec les parents, je dois dire! » Les colos se déroulaient en Suisse, à Saas-Grund, dans le Valais.
C’était l’époque où les enfants « découvraient le monde à petits pas ». Mars Di Bartolomeo précise sa pensée : « Pour nous, la première visite à Blankenberge, c’était lointain, c’était la mer! Aujourd’hui, ils découvrent tout de suite les États-Unis, les pays exotiques. Ce n’est pas comparable », observe-t-il. Lui a d’abord visité les fromageries artisanales dans l’Emmenthal avant d’imaginer voir un jour la Statue de la Liberté.
Voilà comment les vacances d’enfance se sont déroulées pour Mars Di Bartolomeo. Il en garde un souvenir émouvant en repensant à ces années d’insouciance dans les rues de son quartier. « Notre quartier à prédominance ouvrière lui valait d’être qualifié de « Gebeesse Quartier ». Il y avait bien sûr de la moquerie dans cette expression, car tout notre argent était investi dans la construction de la maison, ce qui avait pour conséquence qu’il ne nous restait plus que de la confiture à manger », explique-t-il.
Pour le petit Mars, ce quartier, c’était le bonheur. Surtout en été.
Geneviève Montaigu