Chaque jeudi durant l’été, retrouvez une série sur les vacances d’enfance de personnalités des mondes politique, culturel et sportif luxembourgeois. Aujourd’hui : François Bausch, ministre du Développement durable.
Les vacances d’été de la famille Bausch, au cours des années 60 et 70, voyaient en général un convoi se mettre en branle. En plus du matériel de camping, c’est tout un garde-manger que la mère de François Bausch embarquait. Et c’est elle qui cuisinait pour toute l’équipe.
Autant dire que l’«enfant terrible», comme il se décrit lui-même, attendait les vacances avec impatience, prompt qu’il était à refermer ces livres scolaires qui le gavaient. Le jeune François Bausch, qui s’occupe aujourd’hui des Travaux publics, préférait de loin construire des châteaux de sable sur le littoral belge, assez grands pour pouvoir s’y engouffrer en attendant que la marée montante vienne l’en déloger. Et surtout, surtout, il pouvait pratiquer du go-kart !
«Mes premières vacances d’été, c’est d’abord au Grand-Duché que je les ai passées, au lac de la Haute-Sûre. C’est après que nous sommes allés régulièrement sur la côte belge mais aussi en Croatie, en Espagne, en Italie et en Suisse pour y parcourir les lacs», raconte le ministre du Développement durable et des Infrastructures.
Issu d’une famille modeste, il a connu son premier hôtel à l’âge de 16 ans. «Chez nous, les vacances c’était le camping ! J’adorais ça», se souvient-il. La vie de famille en plein air, voilà ce qui lui plaisait le plus. «Mon père était sidérurgiste, il avait un travail posté et mes parents exploitaient en plus un bistrot. Les vacances nous donnaient l’occasion d’être tous réunis, mes parents, mes deux frères et moi», raconte l’aîné de la fratrie.
C’est en août que la famille mettait le convoi en branle, confiant les clés du bistrot à la grand-mère pendant trois semaines. Et quand on parle de convoi, on pense à une véritable expédition. «On avait bien sûr les tentes et tout le matériel de camping, mais comme nous étions d’un milieu modeste, ma mère ramenait tout un tas de marchandises qui allaient des conserves au sac de pommes de terre en passant par le jambon entier. Non seulement la voiture était pleine comme un œuf, mais il y en avait aussi sur toute la galerie du toit», décrit François Bausch, souriant à l’évocation de ces souvenirs.
Sa maman cuisinait donc pendant toutes les vacances et servait de joyeuses tablées au camping. «Nous partions souvent avec des cousins, donc, nous étions déjà une sacrée équipe de 6 ou 7 enfants. En plus, nous nous faisions pas mal d’amis dans les campings», confie-t-il.
Un premier amour à 13 ans, en Croatie
Son père avait récupéré un vieux véhicule de police de type «panier à salade» et l’avait aménagé en camping-car. «Mon père était bricoleur, il pouvait réparer une voiture comme construire une maison», dit-il avec une pointe d’admiration dans la voix. «Je me souviens qu’il avait fabriqué des piquets spéciaux en bois pour les tentes que nous installions souvent dans des campings au terrain très sablonneux quand ce n’était pas directement sur la plage, donc, il fallait que ça tienne !», évoque-t-il, en avouant dans un grand sourire n’avoir aucunement hérité des talents de bricoleur de son père.
Bon nageur dès l’âge de 4 ans à force de passer les étés au bord du lac luxembourgeois et de la mer belge, le jeune François Bausch est donc heureux d’aller goûter les eaux du côté du littoral adriatique croate. Ce sera Zadar, au nord de la Dalmatie. «Évidemment, pour nous à cette époque, c’était les vacances en Yougoslavie. Mon père était un homme de gauche, très intéressé par la culture et l’histoire, et il nous avait expliqué le régime politique de la Yougoslavie. Je me souviens qu’en 1973, alors qu’il se rendait à une manifestation de protestation, il était devant moi et m’avait dit : « Je fais ça pour les générations futures » et c’est ce qui m’a poussé à faire de la politique.»
Mais avant de se lancer dans l’arène il faut faire d’autres expériences. Amoureuses, par exemple. «C’est à Zadar que j’ai connu mon premier grand amour, j’avais 13 ans !», avoue-t-il. Il se souvient qu’elle était française et l’idylle a duré le temps d’un été avant d’être rangée dans la boîte à souvenirs. Autant dire que la rentrée scolaire ne le faisait pas sauter de joie. «Mais j’aimais quand même revenir au Luxembourg après trois semaines et retrouver mes copains du quartier, mon environnement.»
Ici, le jeune François Bausch enfourchait son vélo et profitait de cette liberté qu’il lui offrait. «J’ai toujours aimé faire du vélo. C’est ma tante qui m’a appris à en faire», déclare-t-il. Mais avant de pouvoir goûter aux joies des loisirs grand-ducaux, François Bausch devait supporter la voiture. «Il n’y avait pas d’autoroutes en Yougoslavie dans les années 60 et 70. Nous longions la route côtière et ça nous prenait une journée pour aller de Zadar en Autriche, où nous faisions une étape, avant de repartir le lendemain. Ces 1 300 kilomètres en voiture, on les redoutait», lâche-t-il en faisant la moue.
Geneviève Montaigu