Chaque jeudi durant l’été, Le Quotidien vous propose une série sur les vacances d’enfance de personnalités des mondes politique, culturel et sportif. Rencontre avec l’entraîneur de foot du CS Fola Esch, Jeff Strasser.
Mondorf-les-Bains, sa superbe piscine, son beau court central en terre battue du parc thermal, sa cour de récré équipée de buts… C’était l’ancienne carte postale des vacances d’enfance de Jeff Strasser qui profitait de la cité thermale qui l’a vu grandir, dès que la coupure de la saison footballistique le permettait.
Pour se sentir en vacances, le jeune Jeff Strasser n’avait qu’à descendre l’escalier en pierre, tout en courbe, de la villa de style Art nouveau dans laquelle il a grandi pour se mêler aux sacs de plage et suivre toutes ces paires de tongs qui s’élançaient vers un même but. Haut comme trois pommes, l’ex-international de foot et actuel entraîneur victorieux du Fola, voyait passer devant chez lui, avenue des Bains, dans la cité balnéaire, les milliers de personnes qui venaient profiter de la magnifique piscine en plein air qui a longtemps constitué le décor de ses vacances.
«C’est simple, on prenait l’abonnement pour la saison et on y allait du premier jour de l’ouverture jusqu’au jour de fermeture», raconte Jeff Strasser en associant ses amis dans le «on». Car c’est en petite bande que les jeunes de Mondorf passaient leur été sur ce splendide site composé de deux bassins, dont un olympique (ou presque) entourés de pelouses et d’aires de jeux qui allaient de la belle fontaine aux terrains de volley.
«J’y ai beaucoup joué au foot, c’était un bon entraînement pour la suite», affirme-t-il sans regretter un seul instant le sable des littoraux. «On apprenait à s’autofinancer aussi. On ramassait les consignes pour s’acheter nos glaces et nos boissons et ça faisait un supplément à l’argent de poche», se souvient-il, la tête emplie d’instantanés des doux étés mondorfois.
Les grandes virées à vélo sur les petites routes de campagne alentour faisaient partie du programme estival. «Quand la piscine de Mondorf a malheureusement fermé ses portes, on prenait les vélos et on allait à la piscine de Remich. On connaissait tous les chemins qui sillonnaient les vignes pour éviter de rouler sur les grandes routes», raconte Jeff Strasser en mentionnant le nom de son ami d’enfance Mike Fandel avec qui il a partagé de nombreux moments de complicité. «Il se trouve que Mike et moi sommes aujourd’hui voisins et nous avons chacun deux garçons qui ont le même âge.» Une amitié qui n’a pas pris une ride.
«On enfourchait nos BMX et on allait jusqu’à Burmerange. On partait le matin on revenait le soir, c’était la liberté absolue. On apprenait très jeune à traverser une route et il y avait moins de circulation. On allait aussi manger des cerises sur la petite route entre Filsdorf et Altwies. On se goinfrait jusqu’à en avoir mal au ventre», dit-il en faisant la grimace.
Du décor champêtre, le jeune Jeff et sa petite bande de copains passaient ensuite dans les forêts pour y construire des cabanes. Un grand classique incontournable.
Mais la vie de Jeff Strasser a été très tôt organisée autour du foot. «Pour moi, les vacances d’enfance c’est aussi les stages de foot que j’allais faire dans le sud de la France avec mon grand frère, Christian.» Fils d’entraîneur, il a grandi sur les terrains de foot. «Mes parents nous emmenaient à Carpentras pour des stages animés par Bernard Bosquet. Eux logeaient dans les environs et mon frère et moi jouions au foot. Sur dix jours de vacances, on passait trois jours en famille», raconte-t-il.
Poussin sur le terrain
Et quand la saison de foot accordait une pause au jeune joueur, c’était retour à Mondorf. Jeff Strasser troquait ses chaussures à crampons contre une raquette de tennis et allait taper des balles sur la terre battue des courts situés au cœur du parc thermal. «J’ai beaucoup joué au tennis avec mon frère pendant les grandes vacances», dit-il. La coupure de la saison footballistique lui faisait retrouver ses potes de la Cité thermale.
«Il y avait un noyau dur. On jouait au foot, eh oui encore, dans la cour de récréation. À cette époque, il y avait encore deux belles cages à but et on organisait des matches avec des équipes composées de grands et de petits, de Luxembourgeois, de Français, de Portugais, d’Italiens, tu baignais dans la mixité, t’apprenais des tas de mots dans les autres langues, c’était génial et cette mixité reste toujours enrichissante et intéressante dès lors que tu es en contact quasi permanent avec d’autres cultures. À la piscine aussi, on était très tôt en contact avec les frontaliers français et allemands. Je passais des vacances très multi-culti à Mondorf-les-Bains», résume-t-il.
Il a gardé beaucoup de copains de cette époque qui sont restés à Mondorf, comme lui.
«Dans la vie, tu n’as pas vingt bons amis, mais un petit noyau dur. Et tu as la famille. La nôtre n’est pas très grande, on est tous très proches», confie-t-il.
Le 5 septembre, une partie de ces «bons amis» se retrouvera au stade John-Grün à Mondorf-les-Bains pour disputer un match de gala intitulé «Jeff Strasser and friends» et célébrant le centenaire de l’Union sportive, le club auquel le nom de la famille Strasser restera à jamais associé. Son père et son frère y exercent encore les fonctions de, respectivement, président et vice-président.
Geneviève Montaigu