Samedi a lieu la journée mondiale des Soins palliatifs. Omega 90 profite de cette occasion pour présenter son nouveau projet et commenter l’actualité récente.
Omega 90 est une association luxembourgeoise qui promeut les soins palliatifs et l’accompagnement du deuil. L’idée que des personnes aient pu décéder seules, privées de leurs familles, lors de la crise du Covid-19 est contre ses principes. «L’humanité, la sécurité et la dignité sont des principes importants à respecter, indique Diane Dhur, la présidente d’Omega 90. Aucune discussion à ce propos n’a pu être menée avant la crise. Il a fallu prendre rapidement des décisions. La situation était critique. Personne ne savait si elles étaient bonnes, car, à ce moment-là, personne ne savait ce qu’il était bon de faire ou pas. Nous ne savons pas comment le virus va évoluer, il est donc important de se poser les bonnes questions dans le calme et de considérer tous les aspects de la problématique.»
Pour cela, Omega 90 organise le mardi 8 décembre des assises pour «discuter, réfléchir et trouver des réponses aux questions importantes qui se sont posées lors de la crise du Covid-19 et du confinement». Diane Dhur évoque notamment «des questions d’équilibre entre sécurité et liberté ou comment conserver l’humanité et la dignité des personnes dans des conditions difficiles». Une table ronde, à laquelle participeront les ministres de la Santé et de la Famille, est prévue. «Il faut se mettre à la place des personnes touchées qui ont dû passer des mois seules dans leur chambre sans recevoir de visites. Quelles décisions auraient-elles prises les concernant si elles avaient pu être consultées? Qu’est-ce qui aurait été important pour elles?», poursuit la présidente.
L’association, qui accompagne les malades et leurs proches face à la maladie, à la mort et au deuil, s’est trouvée démunie alors que les malades et les mourants étaient arrachés à leurs familles au plus fort du confinement. «Nous comprenons que des mesures de sécurité aient été prises, assure Diane Dhur, mais elles ont été à l’origine d’autres dommages provoqués par l’isolement. C’est dramatique de ne pas pouvoir dire adieu à un proche mourant ou de ne pas pouvoir revoir une dernière fois les personnes qu’on aime, les savoir près de nous dans nos derniers instants.»
«Le deuil, un processus auquel on n’échappe pas»
L’être humain a le droit de bénéficier de soins palliatifs. Le thème de la journée mondiale des Soins palliatifs, «My Care, My Rights» («Mes soins, mes droits»), le rappelle. «Ce droit est inscrit dans la loi. Un être humain a également le droit au respect de sa dernière volonté.» La situation durant le confinement a été jugée pesante par les nombreuses personnes qui ont contacté Omega 90 durant cette période. «La solitude influe sur le moral et donc sur la santé des personnes malades et en fin de vie, poursuit la présidente. Le fait de ne pas avoir pu accompagner un proche influe également sur le processus de deuil. Il est important de pouvoir échanger, d’être ensemble, de faire du bien à un proche avant son décès.»
Actuellement, le nombre de consultations est supérieur à la moyenne. «Certaines personnes ont mis du temps à venir nous consulter par peur du virus, explique Fabian Weiser, directeur d’Omega 90. Nous avons proposé des consultations par téléphone ou en vidéo. Cela a permis d’aider certaines personnes.» Nicole Weis-Liefgen ajoute que «le deuil est un processus auquel on n’échappe pas. Il finira par nous rattraper après quelques mois, une année, voire plus. À ce moment-là, il doit être accueilli. Cela explique pourquoi les consultations augmentent maintenant.»
Le Luxembourg peut, selon les responsables de l’association, se targuer d’avoir d’excellents services de soins palliatifs depuis le vote de la loi relative à ces soins en mars 2009. «Nous avons commencé tard, mais comme souvent au Luxembourg, nous nous sommes bien rattrapés. Aucune loi européenne sur les soins palliatifs n’est aussi complète et ne va aussi loin que la nôtre. Malheureusement, il arrive que tout le monde n’y ait pas encore accès», regrette Nicole Weis-Liefgen, directrice d’Omega 90. La mort reste un tabou et une peur pour beaucoup de personnes qui n’osent pas s’informer, en parler ou affirmer ses propres désirs. L’association œuvre pour lever ce tabou. Ses services sont gratuits et ouverts à tous. Pas besoin de carte de membre pour en profiter.
Sophie Kieffer