La plateforme Migrations & Intégration veut instaurer un débat structuré autour de la question référendaire sur le droit de vote des étrangers qui sera posée le 7 juin.
Une brochure a été éditée en français et en luxembourgeois pour résumer clairement les arguments pro-vote de la plateforme Minté. (Photos : Le Quotidien/Didier Sylvestre)
Ce sont des associations d’étrangers, mais pas seulement, des syndicats, bref, des représentants de la société civile qui ont décidé de susciter le débat sur le référendum qui sera tenu le 7 juin. La consultation portera sur trois questions dont l’une invitera les Luxembourgeois à se prononcer sur l’élargissement au bénéfice des résidents communautaires du droit de vote aux élections législatives.
Et sachant que le Luxembourg compte 44% d’étrangers sur son territoire, dont plus de 86% issus des pays de l’UE, une telle ouverture conduirait à un bond substantiel du nombre d’électeurs. Selon Minté, il s’agit, pour le Luxembourg, d’une occasion unique d’être un précurseur au niveau européen.
Le droit de vote ouvert aux non-nationaux est admis en Nouvelle-Zélande et dans des pays sud-américains comme le Chili, l’Uruguay et l’Équateur. En Europe, seule l’Irlande se penche sur la question depuis 2008, mais pour le moment, sans mise en œuvre.
La plateforme a préparé un argumentaire en vue du débat qui devrait précéder le référendum, histoire de sortir de l’émotionnel et d’obtenir une discussion vraiment structurée.
Une brochure intitulée Oui au droit de vote – Pourquoi ? a été éditée afin de permettre d’exposer de façon claire et concise les arguments en faveur du droit de vote des étrangers, mais également de contrer les habituelles réticences qui ont été maintes fois entendues, comme celle de la perte d’identité luxembourgeoise et l’idée selon laquelle si les étrangers sont vraiment intéressés par les affaires du pays, ils peuvent toujours obtenir leur naturalisation.
Pour les acteurs de Minté, même un octroi plus généreux de la nationalité luxembourgeoise ne pourra pas combler le déficit démocratique qui existe aujourd’hui. Alors que l’immigration reste très élevée face à une population nationale vieillissante, les ressortissants de l’UE ne voient pas forcément d’intérêt dans l’obtention de la nationalité luxembourgeoise dans un contexte où l’Europe est de plus en plus intégrée politiquement.
« Vivre, travailler, décider ensemble »
Pour les défenseurs du droit de vote des étrangers, il convient de mettre en avant les arguments qui pourraient faire basculer les électeurs du 7 juin en faveur du oui. Car ce sont les Luxembourgeois qui décideront finalement si les non-nationaux pourront être des citoyens avec autant de droits qu’eux.
Pour Minté, le slogan est clair : « Vivre, travailler, décider ensemble. » Élargir le droit de vote aux étrangers, c’est donc avant tout, pour cette plateforme, satisfaire à une exigence démocratique : « Comment un gouvernement élu par moins de la moitié de la population résidente peut-il être considéré comme représentant légitimement la société dans son ensemble ? », évoque la brochure.
L’introduction de la double nationalité n’a, semble-t-il, pas réussi à inverser la tendance qui va en s’aggravant. Pour Minté, la solution est d’ouvrir le droit de vote à ceux qui contribuent au succès du pays.
Autre argument : répondre non le 7 juin, c’est risquer le repli communautaire. Le droit de vote permettrait « de redonner une mixité sociale plus grande et plus représentative, notamment de la population active constituant le corps électoral; et donc de trouver plus facilement des réponses aux défis auxquels le pays doit faire face ».
Organisation, association, institution ou entreprise : toutes sont invitées à remplir un formulaire pour devenir, en quelque sorte, ambassadeur du message véhiculé par Minté. La plateforme espère ainsi que le débat sera vivant et dynamique à l’approche du scrutin, pour que le droit de vote des étrangers devienne vraiment un enjeu national.
Audrey Somnard