La création de la nouvelle filiale de Cargolux à Zhengzhou en Chine n’a pas obtenu l’aval du groupe salarial. Lundi, une réunion du conseil d’administration aura lieu.
La coopération de Cargolux avec son actionnaire chinois HNCA continue à créer des remous. (Photo : archives Le Quotidien)
Le bras de fer engagé depuis des mois entre la direction de Cargolux et les syndicats n’est pas prêt de prendre fin. Lundi, le groupe salarial a officialisé son « avis négatif » concernant la création de la nouvelle filiale de la compagnie de fret aérien en Chine.
Dans son avis, les représentants du personnel résument les points de critiques qui concernent notamment l’actionnariat et la concurrence interne qui découle de ce projet d’expansion. L’opposition du camp syndical au projet « Cargolux China » s’est donc encore renforcée.
Les plans pour créer cette nouvelle compagnie exploitée notamment avec HNCA, le nouvel actionnaire chinois de Cargolux, et qui doit prendre ses bases à Zhengzhou en Chine, ont été présentées le 11 février au comité mixte réunissant la direction et les délégués du personnel. Première conclusion : la présentation a été « incomplète » et des éléments primordiaux tels que le plan commercial de la nouvelle compagnie ont fait défaut. « Les membres du groupe salarial sont en droit d’obtenir toutes les informations leurs permettant d’établir un avis circonstancié », est-il souligné dans l’avis remis au directeur général de Cargolux, Dirk Reich.
Au niveau du fond du dossier, le camp salarial émet également d’importantes critiques qui génèrent une grande incertitude. Cela vaut notamment pour l’actionnariat. Il est prévu que Cargolux détienne 25 % des actions de la nouvelle compagnie. HNCA détiendrait 35 %. Le hic pour les représentants du personnel est que Cargolux sera complètement minoritaire et ne disposera même pas d’une minorité de blocage.
Les investisseurs, pour les parts restantes (16 % et 24 %), sont pour l’instant encore inconnus. Il est prévu de trouver encore un investisseur chinois ainsi qu’un investisseur luxembourgeois ou européen. Or, jusqu’à présent, le camp syndical n’a pas plus de détails sur l’identité de ces investisseurs. Seule certitude : l’État luxembourgeois ne va pas investir dans Cargolux China comme l’a déjà annoncé le ministre du Développement durable, François Bausch, à nos confrères du Paperjam en date du 25 janvier.
> « Irresponsable d’investir »
Pour l’instant, le financement de la nouvelle compagnie reste donc très fragile. Dans une lettre, adressée aux membres du comité mixte, le directeur général Dirk Reich précise que Cargolux devra investir 55 millions de dollars pour acquérir 25 % des actions de Cargolux China. « En plus, le projet n’est viable qu’en cas de paiement de 810 millions de dollars de subventions par les autorités chinoises », souligne l’avis du groupe salarial. Cette somme ne serait cependant pas encore garantie. Pour l’instant, seule une déclaration d’intention existerait. « Compte tenu de la situation financière plus que précaire de Cargolux et compte tenu du fait que Cargolux appartient à 65 % à l’État (…) il serait irresponsable d’investir dans ce projet, alors qu’il s’agit d’un investissement financé par l’argent des contribuables, sans qu’il n’y ait le moindre retour sur l’économie luxembourgeoise, voire le développement de la plateforme logistique au Grand-Duché », souligne l’avis du groupe salarial.
Ceci serait d’autant plus vrai en raison de la concurrence interne que créerait cette nouvelle compagnie. Il est prévu que Cargolux China desservira l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud et l’Afrique. « Il s’agit, en l’espèce, de routes opérées actuellement par Cargolux Luxembourg», souligne le groupe salarial dans son avis tout en rappelant que le «risque de délocalisation est réel ». Lundi, le conseil d’administration de Cargolux va se réunir. L’ambiance y sera une nouvelle fois très tendue.
De notre journaliste David Marques