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Société – L’OGBL reste sur ses gardes


Le gouvernement rencontrera mardi prochain une nouvelle fois les partenaires sociaux.

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André Roeltgen a dirigé son premier comité national après avoir succédé en décembre à Jean-Claude Reding. (Photo : Alain Rischard)

« Il s’agit d’échanges. Il ne s’agit pas de donner raison à quelqu’un. » Tels étaient les mots, pour le moins ambigus, que le Premier ministre, Xavier Bettel, avait choisis pour introduire le Conseil économique et social (CES), lundi dernier. Réunion de consultation, la première dans son genre, elle n’aura pas réussi à chasser l’impression d’assister à un dialogue de sourds.

À la conférence de presse, hier après-midi, à une semaine des nouvelles discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux, prévues mardi, le président de l’OGBL, André Roeltgen, a d’abord voulu opérer une distinction entre les accords du 28 novembre, entre les représentants syndicaux et le gouvernement, et ceux du 14 janvier, entre ce dernier et le patronat. Il serait important de « ne pas mélanger les torchons et les serviettes ».

En effet, l’accord du 28 novembre a eu lieu dans le cadre du vote du budget (ou paquet d’avenir). Il portait, comme le souligne André Roeltgen, sur la politique familiale, notamment sur l’abolition des allocations à l’éducation et la baisse des allocations familiales, un compromis ayant pu être trouvé sur cette dernière. Les syndicats avaient aussi exigé la revalorisation du congé parental et du salaire minimum.

« Tout cela n’avait donc rien à voir avec les entreprises », rappelle le président avec insistance. Par conséquent, aucun élément de l’accord ne serait négociable. On attendrait plutôt la mise en pratique des engagements pris ce jour-là. L’accord du 14 janvier entre l’Union des entreprises luxembourgeois (UEL) et le gouvernement, en revanche, concernait directement les « intérêts fondamentaux du salariat ».

Le comité national de l’OGBL se serait d’ailleurs penché, hier, sur l’engagement de l’UEL d’embaucher 5 000 chômeurs inscrits à l’Adem. Pour André Roeltgen, il s’agit d’engagements qui, à y regarder de plus près, se dégonflent comme un ballon. Il s’étonne d’ailleurs que la collaboration prévue entre l’Adem et les entreprises soit présentée comme un acquis majeur quand, en réalité, il s’agirait d’une « évidence ».

> L’accord lié à la hausse du salaire minimum

L’OGBL refuse aussi les « flexibilités négatives des horaires de travail » prévues dans l’accord. Il faudrait bien plutôt renforcer le système des conventions collectives et maintenir un droit du travail contraignant. Puis, réduire le temps de travail au lieu de forcer les gens à faire des heures supplémentaires.

André Roeltgen trouve scandaleux que le gouvernement se serve d' »arguments cousus de fil blanc » pour défendre sa politique en matière de salaire minimum, notamment en ce qui concerne le secteur du nettoyage.

Pour le président de l’OGBL, le progrès dans ces domaines dépendra d’un accord entre partis, centré sur l' »augmentation structurelle du salaire minimum ». Le Luxembourg occuperait bientôt la première place en matière de travailleurs pauvres. Il faudrait donc une meilleure protection contre le licenciement, en cas de faillite par exemple, et il conviendrait aussi de lutter contre la précarisation des jeunes salariés.

André Roeltgen ne sait pas trop comment baptiser la réunion du 3 février, qui ne sera pas une « tripartite » en tant que telle, comme il y en a eu dans le passé. Il préfère donc parler de « discussion à trois ».

Pour le reste, l’OGBL est résolu à rester proche des gens en s’adaptant à l’époque. Ainsi, lors de la réunion d’hier, le syndicat a procédé au vote de son budget. Les finances étant « saines », le mouvement peut sans souci préparer le centième anniversaire du mouvement syndical libre, qui sera fêté cette année, accompagné de séances académiques et de publications avec, en plus, un documentaire professionnel réalisé dans ce contexte.

Pour André Roeltgen il est important qu’à l’avenir l’OGBL parle davantage de lui-même : de ses structures, de ses finances, des droits des salariés, des conventions collectives, etc. La présentation du nouveau visage de l’OGBL est d’ailleurs prévue pour mars 2016 et il en sera question lors d’un congrès extraordinaire en juillet de la même année.

Cette année, le syndicat célèbrera la traditionnelle fête du 1er mai à l’abbaye de Neumünster.

Comme l’a annoncé André Roeltgen par la même occasion, Nora Back, secrétaire centrale à l’OGBL, qui s’occupe des départements santé et services sociaux s’occupera aussi, à l’avenir, de droit du travail, de temps de travail, des droits des femmes, de l’enseignement et de l’éducation. Et Jean-Luc De Matteis, secrétaire central comme sa collègue, sera dorénavant responsable des contrats de travail, de la santé et de la sécurité et du département construction.

De notre journaliste Frédéric Braun


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