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L’agriculture bio à la traîne


Le Luxembourg a faim de bio. Mais l’agriculture ne suit pas ! Elle a même reculé dans ce secteur en 2014.

Refuser l’agriculture intensive et les OGM, limiter de façon stricte l’usage de produits phytopharmaceutiques, réduire au minimum l’impact sur la nature…

L’agriculture biologique offre de nombreuses garanties visant à mieux respecter l’environnement et la santé du consommateur. Mais ces principes sont autant de contraintes qui prennent à rebrousse-poil l’agriculture conventionnelle.

Si certains pays européens (Italie, Espagne, Pologne, Autriche…) ont pris de l’avance, au Luxembourg, la conversion au bio reste lente et marginale, en témoignent les chiffres présentés hier par le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen. « Actuellement, le Luxembourg dénombre 119 exploitants agricoles biologiques qui exercent leurs activités sur une superficie agricole de 4 200 hectares », résume Fernand Etgen.

Parmi ces 119 exploitants, on compte notamment 60 agriculteurs, 18 apiculteurs, 14 maraîchers, 12 viticulteurs, et 9 fruiticulteurs. « Ces chiffres ne présentent qu’une hausse minimale et témoignent donc d’une évolution toujours stagnante du secteur de l’agriculture biologique », ajoute-t-il.

Une hausse minimale… et encore ! Tout dépend des éléments comparés. Si effectivement, en 2014, le nombre de maraîchers, de viticulteurs ou de transformateurs de produits bios augmente par rapport à 2013, la surface agricole, elle, a diminué (elle était de 4 248 hectare en 2013), et on comptait un producteur bio de plus en 2013.

La part des exploitations agricoles bios dans l’agriculture nationale diminue ainsi de 5,63 à 5,54 %, et celle de la surface agricole bio de 3,24 à 3,21 %. Pas de quoi crier victoire…

Bref, admet volontiers le ministre, il est nécessaire de remédier à cette situation et de « rendre l’agriculture biologique plus attractive ». D’autant que, comme les années précédentes, « l’offre de produits biologiques luxembourgeois ne satisfait pas la demande élevée », ajoute-t-il.

Rendement plus faible, qualité plus grande

Parmi les solutions envisagées, il cite une révision des conditions d’attribution des primes pour l’agriculture biologique, ainsi que de nouveaux taux pour ces primes qui ont été prévus l’an passé dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune (PAC).

Il rappelle également qu’un plan d’action national de la promotion de l’agriculture biologique est en cours. Sa première phase a eu lieu de 2009 à 2011, la seconde se termine cette année. Le gouvernement a ainsi mené en 2014 plusieurs actions en ce sens, parmi lesquelles la présence du secteur du bio à la foire agricole d’Ettelbruck, l’actualisation du guide d’achat de produits biologiques et la poursuite du réseau de huit fermes biologiques de démonstration, qui visent à rapprocher consommateurs et élèves des agriculteurs et experts.

Par ailleurs, cinq projets ont été soutenus par le plan d’action national, dont un essai de variétés pour les céréales d’hiver à Colmar-Berg et à Derenbach, lancé il y a 4 ans. « Les résultats indiquent que les variétés biologiques ont un rendement plus faible, mais génèrent une meilleure qualité en termes de teneur en protéines », constate Raymond Aendekerk, directeur de l’institut pour l’agriculture biologique et la culture agraire (IBLA).

On notera aussi la poursuite en 2015 du Bio-Agrar-Praïs, qui récompense les mérites en la matière. On se réjouira aussi que deux essais de culture de variétés de céréales biologiques seront organisés avec le lycée technique agricole à Colmar-Berg et Hupperdange. Une bonne façon de sensibiliser les agriculteurs en herbe.

De notre journaliste Romain Van Dyck

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