Le résultat du référendum n’est pas dirigé contre les étrangers, selon le CSV, qui invite à relancer les discussions sur la double nationalité, au niveau national.
Le Parti chrétien-social a réuni son conseil national pour tirer ses propres conclusions du référendum, en interne. Le rendez-vous avait été fixé, hier soir, à la maison d’accueil des Sœurs franciscaines de Luxembourg-Belair. Soixante-dix membres du Conseil national du CSV ont pris part «à d’intensives discussions», selon le président du parti, Marc Spautz. Il a ainsi été acté que le dialogue avec les associations d’étrangers devait être renoué, afin de voir quelles pistes pourraient être explorées à moyen terme.
Les discussions autour de la double nationalité, mais également celles relatives à la maîtrise de la langue luxembourgeoise, devront, dans ce cadre, être réactivées. Et ce, au nom de l’intégration des étrangers dans la société luxembourgeoise. «Le taux de 80 % de non au référendum ne signifie pas que les Luxembourgeois ont un problème avec les étrangers», a martelé le président du CSV. «Un tel message est faux, car les Luxembourgeois n’ont pas souhaité adresser un carton rouge aux étrangers», a-t-il poursuivi. Selon le CSV, le résultat des urnes illustrerait simplement la position favorable des Luxembourgeois envers une intégration des étrangers qui se fasse uniquement par le biais de la double nationalité. L’argument n’est pas nouveau, mais les moyens d’y arriver pourraient l’être.
Nouvelle piste au niveau de l’UE
Le CSV a en effet entrepris d’engager des discussions sur ce point au niveau européen, c’est-à-dire avec tous les partis nationaux membres du Parti populaire européen (PPE). À l’image de leurs collègues autrichiens qui ont déjà été sollicités. Le congrès du PPE, qui se tiendra en octobre prochain à Madrid, pourrait constituer l’occasion de permettre d’avancer sur le dossier, à l’échelle européenne, en discutant avec les organisations sœurs du PPE. L’objectif du CSV est de parvenir à rallier à sa cause les partis de sa famille politique qui sont issus de pays refusant à l’heure actuelle le principe de la double nationalité.
L’autre question épineuse n’a pas non plus été éludée. À savoir celle proposant de conférer le droit de vote aux jeunes à partir de leurs 16 ans. Le refus référendaire sur cette question n’est «pas non plus un carton rouge adressé à l’intention des jeunes», a encore expliqué le président du CSV, Marc Spautz. Ce dernier a en effet appelé à ce que les discussions reprennent avec les organisations de jeunesse, notamment au sujet de l’éducation politique dans les écoles et lycées.
Enfin, le CSV ne s’est pas privé d’égratigner la majorité au passage. Si les chrétiens-sociaux n’exigent toujours pas la démission du gouvernement, mais la suggèrent, le discours a sensiblement changé : ce sera en effet aux bases respectives des trois partis de la coalition (DP, LSAP et déi gréng) de se prononcer sur la question. Et pour cause, l’ampleur du clivage entre le oui et le non est inévitablement synonyme de clivage au sein même des trois formations politiques au pouvoir, a rappelé Marc Spautz. Avant d’expliquer à nouveau que son propre parti prendrait, lui, ses responsabilités en cas de pareil désaveu.
Claude Damiani