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Selon Juncker, l’Europe doit aborder sa relation avec les États-Unis en « adulte »


(photo archives Editpress)

L’Europe est « adulte » et ne devrait pas se montrer « craintive » dans sa relation avec les États-Unis, quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle américaine, juge l’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche suscite de la fébrilité à Bruxelles.

Cette perspective doit être abordée avec « calme », explique dans un entretien celui qui a rencontré à plusieurs reprises l’ex-président américain entre 2016 et 2020. En 2018, en dépit d’une relation « tumultueuse » avec le milliardaire new-yorkais, l’ancien dirigeant luxembourgeois avait réussi à désamorcer une guerre commerciale entre l’UE et les États-Unis.

Avec Donald Trump, il faut faire preuve de « politesse », mais aussi « d’une fermeté qui ne laisse aucune place aux ambiguïtés », estime-t-il.

« Nous ne sommes pas comme des souris devant le chat Trump. Il faut une relation d’égal à égal entre les États-Unis et l’Europe », ajoute-t-il.

Et de rappeler que les États-Unis, tout comme la Russie ou la Chine, essaient toujours de ne pas considérer l’Europe comme une « entité constituée », mais comme un ensemble de pays où il est toujours possible de jouer l’un contre l’autre.

« Donc il faut consolider les politiques européennes, il faut montrer aux Américains que les Européens, sur l’essentiel des choses et sur les problèmes qui apparaîtront à l’horizon, ont une même attitude », insiste-t-il.

Lien distendu avec l’Europe

Et cela vaut aussi pour l’actuelle vice-présidente américaine et candidate démocrate.

« Kamala Harris, si elle est élue présidente, défendra avec détermination les points de vue américains », rappelle-t-il. « Ce sera une relation amicale, mais pas exempte de conflits ».

Les deux candidats ont en commun un lien plus distendu avec l’Europe. Kamala Harris, n’a pas le même « background européen » que l’actuel président Joe Biden, relève un diplomate européen.

Quant à Donald Trump, « contrairement aux autres présidents américains que j’ai connus depuis (Bill) Clinton, ce qui m’a frappé, c’est qu’il n’avait aucune relation ni de cœur ni de raison avec l’Europe », relève Jean-Claude Juncker. « Il considérait toujours l’Europe, l’Union européenne, comme une machine de guerre inventée par les Européens pour réduire l’influence, notamment américaine, dans le monde », souligne-t-il.

Autre point commun entre les deux candidats à la Maison-Blanche, ils réclameront que les Européens prennent davantage en charge leur propre sécurité.

« L’exigence de porter à 2 % du PIB l’effort de défense européenne restera la principale demande que les Américains nous adresseront, que le président s’appelle Harris ou Trump », résume-t-il.